dimanche 10 janvier 2010

Réflexion

J'ai pensé vous offrir une réflexion personnelle sur le Bouddhisme, étude et pratique.
Pour commencer, je dirai qu'à l'observation, il me semble que le Bouddhisme en France (parlons de ce
que nous connaissons, non?) tend à pécher par excès d'idéalisme, ce qui serait un comble pour une
"philoligion" comme le bouddha-dharma... Idéalisme! Quel gros mot! Chacun sait que le bouddha-dharma n'a rien d'un idéalisme! De fait, ma lignée d'enseignement nie vigoureusement que cela puisse être le cas. Pour les intéressés,
je rappelle que toutes les traditions philosophiques du monde se rattachent soit au courant idéaliste,
soit au courant matérialiste. Mais dans ma tradition d'enseignement, nous enseignons que le Bouddha-Dharma n'est ni l'un ni l'autre,
mais qu'il se fonde sur l'action, qui est en quelque sorte l'interface entre le monde des idées, et celui de
la matière (qui n'est autre que le résultat de nos sensations physiques).

Mais, à l'opposé, je vois que tout le monde, en parlant du Bouddhisme parle de grands principes, tout
le monde récusant avec horreur toute possibilité que le Bouddha-Dharma puisse être enseigné et
appliqué de façon limitée, lorsqu'on a affaire à des gens qui ne sont pas prêts à aller plus loin. Gradualisme!! Bon. Les travaux de Bernard Faure semblent démontrer qu'il y a au moins un fort soupçon de
traficotage dans la façon dont cette polémique est parvenue jusqu'à nous. C'est donc peut-être pas la
peine de trop insister, dans ce cas. Depuis trop de temps, le Zen se vautre dans l'anti-intellectualisme, qui n'en est paradoxalement qu'un
autre, d'ailleurs. Et, faute de comprendre à quoi correspondaient certaines saillies anti-intellectuelles,
faites par des types qui en matière d'intellectualité étaient de grosses pointures, (je fais allusion aux
collections de kôans), on finit par ânonner bêtement des mots morts qui ne valent pas mieux que
n'importe quels autres mots morts. Les mots n'ont de sens que vivants, et c'est pourquoi je pense qu'il est temps que nous prenions
la mesure de la nécessité de leur assurer un terreau fertile, si nous voulons que les greffons fleurissent.
Et ce terreau, il faudra bien qu'il vienne de gens vivants, de personnes qui vivent, travaillent, vont et
viennent; jamais il ne pourra se constituer sur une seule élite desséchée, trop perdue soit dans un
ésotérisme de pacotille, soit dans une étude académique particulièrement riche au plan intellectuel,
mais détachée de la réalité du faire que se veut le bouddha dharma.