mardi 3 novembre 2009

Premier samedi du mois

Le 8 novembre 2009, au 12 de la rue Doria
(les Arceaux), à Montpellier,
comme tous les premiers samedis du mois,

Matinée de pratique de zazen.

Début à 10 heures.

Veuillez arriver au moins un quart d'heure avant.

Entrée libre.

A plus

Mxl

samedi 10 octobre 2009

La compassion

Brad Warner a posté l'autre jour un article sur son blog qui parlait de la compassion. Comme à chaque fois qu'il aborde ce sujet, il a rappelé ce kôan zen où l'ancêtre Ungo demande à l'ancêtre Dogo : “Que fait le bodhisattva Kannon (Avalokiteshvara) avec tous ses bras et tous ses yeux ?” L'autre répond : “C'est comme quelqu'un qui allonge la main derrière sa tête dans la nuit, pour réajuster son oreiller.”

Ici, il est fait référence à une des représentations d'Avalokiteshvara “aux mille bras et aux mille yeux”, parce qu'en tant que bodhisattva de la compassion, il voit tout et a des bras partout pour agir pour le bénéfice de tous les êtres.

Donc, Brad Warner nous y dit que la compassion est une forme d'égoïsme. Non pas la variété courante où on tente de tout prendre sans rien laisser aux autres, mais dans un sens où le mot “compassion” n'est pas synonyme de sacrifice.

Nishijima rôshi dit que l'état d'équilibre en zazen nous permet de faire exactement ce que nous voulons. Mais la plupart d'entre nous ne comprenons pas réellement ce que nous voulons vraiment. Nous imaginons tout vouloir sans égards pour les autres, mais c'est faux ! Nous sommes intimement reliés au niveau le plus profond avec tout et tous ceux avec qui nous entrons en contact. A ce niveau, ce que nous voulons pour nous et pour les autres est strictement pareil.

Si on va voir un bon musicien en concert, on peut voir la véritable compassion à l'oeuvre. Le bon musicien n'écrit pas des chansons ou de la musique pour se sacrifier pour les autres. Il ne se produit pas pour sauver tous les êtres, mais c'est pourtant exactement ce qu'il accomplit pour ses fans. Pour lui, cette action est absolument naturelle, il fait exactement ce qu'il veut faire comme il veut le faire. En ce sens, ses actions sont égoïstes au dernier degré, voire narcissiques. Et pourtant, cette activité où il ne s'occupe que de lui-même, parce qu'il sent que c'est bon pour lui, aide les autres en nombre incommensurable.

C'est à ce type de compassion que fait référence le kôan entre Ungo et Dogo, à propos de la main qui s'allonge pour chercher l'oreiller dans la nuit. La véritable compassion n'a vraiment rien à voir avec l'idée de la compassion.

D'autre part, Joshu Sasaki Roshi disait : “Le Zen n'est pas la manière des saints. Mais il est parfois utile d'imiter leur comportement.” Il y a des fois où il est bien difficile de savoir exactement ce que l'on veut. C'est alors qu'il peut y avoir du bon d'imaginer ce qu'une personne compatissante idéale ferait et le faire. Mais lorsqu'on le fait, il faut faire tout aussi attention que si on agissait de façon purement égoïste, car cela peut même être encore plus dangereux.

Si on trouve un papillon qui s'efforce de sortir de son cocon, on pourrait imaginer que l'aider serait la chose à faire. Mais si on fait cela, on le condamne : cet effort pour s'extraire de son cocon est nécessaire pour renforcer ses ailes. Sans cela, il ne pourrait jamais voler. Offrir son aide de façon non appropriée peut être extraordinairement dommageable. C'est d'ailleurs un ressort comique de nombreux films à la Pierre Richard... On crée plus de problèmes qu'on n'en résout.

Il existe ce que Chögyam Trungpa appelait la compassion idiote. En développant la compassion, il ne faut pas négliger la sagesse. On doit commencer par prendre soin de soi-même et tenter de ne pas être un fardeau pour les autres. En prenant soin de soi, on bénéficie aux autres, et on peut même devenir un bon exemple de ce qu'est une vie constructive et joyeuse.

Il s'agit, encore une fois, d'équilibre. Certaines personnes sont égoïstes au point de blesser les autres. D'autres sont tellement généreuses qu'elles se font du mal à elles-mêmes.

Les chercheurs en psychologie positive (Une psychologie qui met l'accent sur une santé mentale optimale plutôt que sur la maladie mentale) ont découvert que les émotions positives, telle la compassion, suscitent une expansion de l'esprit, génèrent de la créativité et permettent de penser davantage en termes de nous qu'en termes de je. Mais aussi que tenter de forcer ces émotions positives peut mener à une forme d' "insincérité toxique." Ceux qui ont vu cela à l'oeuvre savent de quoi nous parlons.

Je connais une fille qui veut tellement aider les autres qu'elle se met dans la m... pour aider les autres. Et elle demande de l'aide sans jamais réfléchir si elle ne va pas déranger. Voilà une recette du malheur bien efficace !

Cette main qui s'allonge dans la nuit pour attraper l'oreiller et le remettre en place, c'est la forme véritable de la compassion : une action réelle au moment où elle est nécessaire. Si on n'y pense avant, on est décalé. Si on y pense après, on est décalé. On ne peut pas y penser pendant, parce que le moment de l'action n'est pas le moment de la réflexion.

jeudi 8 octobre 2009

Shinji Shôbôgenzô, le recueil des kôans de maître Dôgen

QUATRE

Ryo, le Zasu (maître du temple) du mont Sei du district de Ko, devint un jour le disciple de Baso. (Mazu)

Maître Baso lui dit : Sur quel sûtra vous appuyez-vous pour vos cours?

Ryo répondit : Sur le Sûtra du Coeur

Maître Baso lui dit : Comment en parlez-vous?

Ryo répondit : J'en parle avec mon esprit (rendu par le même caractère que pour coeur)

Maître Baso lui dit : L'esprit est l'acteur principal, la volonté un acteur de soutien et les six sens suivent, aussi comment pouvez-vous parler du Sûtra?

Ryo répondit : S'il est impossible à l'esprit de parler du Sûtra, dites-vous donc que seul l'espace vide peut en parler?

Maître Baso lui dit : Même l'espace vide peut en parler.

Ryo se prépara à partir en faisant claquer les manches de son kolomo. Maître Baso le rappela.

Maître Baso lui dit : Kansu!

Ryo tourna la tête.

Maître Baso lui dit : De la naissance à la mort, ce n'est que cela!

Ryo réalisa la vérité et se cacha sur le mont Sei. Personne n'a su ce qu'il était devenu par la suite.


Commentaire de Gudo Nishijima roshi

Le titre "Zasu" suggère un maître qui n'enseigne qu'un Bouddhisme théorique. La question "Comment parlez-vous du Sûtra?" signifie aussi "Comment exprimez-vous votre vie bouddhiste?" La réponse de Ryo était totalement inadéquate parce que le Bouddhisme qu'on n'exprime ou qu'on ne comprend que par l'intellect n'est pas réellement du Bouddhisme. Au mieux, ce n'est qu'un pâle fantôme de Bouddhisme.

Ryo ne put accepter la critique et tenta de se moquer de maître Baso en rétorquant "Croyez-vous que seul l'espace vide peut parler du Sûtra?" Mais au lieu de se défendre de cette attaque, maître Baso lui répondit "En effet, vous commencez à vous en approcher". Le Bouddhisme est une étude de la réalité; son but et sa base fondamentale est la réalité elle-même.

Ryo prit cette réponse pour signe de la sottise de son maître. Se levant pour quitter la pièce, il agita ostensiblement ses bras pour bien montrer sa fierté d'avoir battu son maitre; mais Baso le rattrappa en lui lançant "De la naissance à la mort, ce n'est que cela!". Ces paroles l'ont brutalement sorti de son petit jeu intellectuel, l'obligeant à affronter la réalité ici et maintenant. Ce n'est que cela, lui dit le maître; deux êtres humains nés au monde et tous deux destinés à mourir, vivant la réalité instant par instant.

Après avoir réalisé la vérité, Ryo disparut à jamais dans les montagnes. Quel contraste avec son attitude précédente, si pleine de morgue!

mercredi 7 octobre 2009

Shinji Shôbôgenzô, le recueil de kôans de maître Dôgen

TROIS

Maître Joshu Jushin du district de Jo demanda au maître Nansen: Qu'arrive-t-il à une personne qui a reconnu l'existence? Où va-t-elle?

Maître Nansen répondit: Il va vivre dans la maison d'un bienfaiteur du temple face au portail d'entrée du temple et devient un buffle castré.

Joshu Jushin dit: Je remercie le maître pour les enseignements que je viens de recevoir.

Maître Nansen répondit: La nuit dernière, à minuit, la lune est entrée par ma fenêtre.


Commentaire de Nishijima rôshi:

Ce kôan commence de façon idéaliste par la question de maître Joshu sur le comportement d'une personne qui a reconnu la réalité. Il se peut que, à l'instar de nombreux de nos contemporains, il ait eu une vision idéalisée d'une telle personne: "Quel est le comportement des grands saints qui vivent dans la claire réalité sans obstacles? Quels miracles accomplissent-ils? Comment expriment-ils leur sublime sagesse?"
Maître Nansen refusait ces choses. Il a pris l'idée abstraite de Joshu et l'a appliquée à une situation très concrète et pratique. Maître Nansen se faisait vieux. Avant longtemps, la vie rigoureuse du temple pouvait se montrer trop dure pour lui. Où irait-il? Il irait chez un bienfaiteur du temple, pas trop loin où il mènerait la vie d'un "buffle castré", qui vit en paix et tranquille sans causer d'ennuis à quiconque. Où va une personne qui peut reconnaître la réalité? Que fait-elle? Elle fait tout simplement ce qu'exige la situation.
Joshu Jushin esprima sa gratitude pour les enseignements de son maître et le kôan se termine par la quatrième phase: la réalité elle-même. Maître Nansen y explique la simple merveille qu'est la réalité: le clair de lune qui luit par sa fenêtre tard la nuit. Toutes les situations comportent cette même beauté simple.

lundi 5 octobre 2009

Shinji Shôbôgenzô, le recueil de kôans de maître Dôgen

DEUX

Maître Obaku Ki-un du mont Obaku dans le district de Ko demanda au maître Hyakujo Ekai: Lorsque je voudrai partager avec d'autres les enseignements que vous nous avez donnés, comment devrais-je les enseigner?

Maître Hyakujo Ekai demeura assis sur son coussin sans rien dire.

Obaku Ki-un dit alors: Comment puis-je enseigner aux fils et aux petits-fils des disciples à l'avenir?

Maître Hyakujo Ekai répondit : Ce que vous venez de dire prouve que vous êtes quelqu'un de grand.



Commentaire de Gudo Nishijima rôshi

Ce kôan est similaire à l'histoire de Sakra Devanam Indra qui avait demandé au Bouddha "Comment puis-je protéger ceux et celles qui souhaitent pratiquer le Dharma?", ce à quoi le Bouddha avait répondu en demandant: "Pouvez-vous voir le Dharma que vous souhaitez protéger? Où est-il? Le désir de protéger le Dharma est pareil que celui de protéger l'espace. Les pratiquants bouddhistes protègent le Dharma et se protègent eux-mêmes en vivant dans la vérité."

La première question de maître Obaku était abstraite. Il voulait connaître la meilleure façon de transmettre le contenu intellectuel des enseignements de son maître. La réponse de Hyakujo fut semblable à celle du Bouddha, en plus direct. Il répondait en présentant sa propre pratique bouddhique, en restant assis en zazen.

Maître Obaku compris l'intérêt du comportement de son maître. Il posa donc une question plus concrète. Comment pourrait-il transmettre les enseignements aux gens du futur avec lesquels il n'aurait aucun contact direct. En réponse, maître Hyakujo lui dit simplement que sa (celle d'Obaku) compréhension des actions de son maître, de même que sa préoccupation pour les disciples futurs, montrait qu'il était un homme vivant dans la réalité.
Maître Hyakujo fut heureux de voir qu'Obaku pouvait passer du niveau de la philosophie abstraite à un niveau plus pratique et concret de préoccupation pour ses disciples et pour leurs descendants. Il n'eut plus de doute sur la capacité d'Obaku a résoudre son problème.

vendredi 2 octobre 2009

Premier samedi du mois

Demain 3 octobre, premier samedi du mois.
Donc, pratique au 12 rue Doria à partir de 10 hres du matin.

On ne sera pas nombmreux...

jeudi 1 octobre 2009

Shinji Shôbôgenzô, le recueil des kôans de maître Dôgen

UN

Citation:

Un jour, maître Sekito Kisen rendit visite au maître Seigen Gyôshi du temple Jogo, sur le mont Seigen, dans le district de Ki. Maître Seigen lui demanda: D'où arrivez-vous?

Maître Sekito répondit: Du mont Sokei.

Maître Seigen (en empoignant son chasse-mouches) dit: Y a-t-il quelque chose de ce genre au mont Sokei?

Maître Sekito répondit: Non, pas au mont Sokei, ni même en Inde.

Maître Seigen dit: Vous n'avez jamais été en Inde, n'est-ce pas?

Maître Sekito répondit: Si j'allais en Inde, j'y trouverais un chasse-mouche tout comme le vôtre

Maître Seigen dit: Vous n'avez jamais été en Inde, vous devriez donc dire quelque chose en accord avec votre expérience.

Maître Sekito répondit: Le maître pourrait-il exprimer cela en deux ou trois mots concrets, au lieu de me laisser tout faire à moi, Kisen?

Maître Seigen dit: Ce n'est pas que je refuse de dire quelque chose pour vous, mais si je le faisais, vous ne seriez pas en mesure de toucher la cible par vous-même à l'avenir.



COMMENTAIRE de Nishijima rôshi

Maître Seigen Gyôshi était un disciple de maître Daikan Eno, le sixième patriarche de Chine, et Sekito Kisen devait devenir son disciple. Sekito arrivait du mont Sokei où avait vécu maître Daikan jusqu'à sa mort.Maître Seigen était assez fier de ses conférences sur le Bouddhisme et, en agitant son chasse-mouches, il demande à Sekito si les conférences du mont Sokei expliquaient le Bouddhisme aussi bien que les siennes. Le hossu, un chasse-mouches ornemental insigne des maîtres bouddhistes, est un symbole de la vérité bouddhique.
Dans sa réponse, maître Sekito se sert du hossu en tant que symbole concret des enseignements de maître Seigen. Il dit qu'il n'y nulle part d'enseignements qui soient tout à fait semblables à ceux de Seigen, ni là d'où il arrive, ni en Inde.
Maître Seigen fait remarquer que Sekito ne pouvait pas connaître l'Inde, vu qu'il n'y était jamais allé, mais Sekito rétorque qu'il est possible de trouver les mêmes enseignements en Inde, patrie du Bouddha.
Cependant, maître Seigen trouvait que cette réponse manquait de réalisme, et il dit que nous ne devrions parler qu'à partir de notre expérience personnelle.
Maître Sekito s'est senti un peu sans voix quant à une réponse satisfaisante, et a demandé au maître de l'aider.
Enfin, maître Seigen Gyôshi lui dit que cela lui serait facile, mais que le faire priverait Sekito de l'opportunité d'exprimer sa propre vérité.

La structure de l'histoire contient quatre points de vue différents. Le premier est le point de vue idéaliste ou intellectuel, représenté par la question de maître Seigen sur les conférences bouddhiques, symbolisées par le chasse-mouches.
Dans le second point de vue, Sekito considère les choses d'un point de vue matérialiste: le hossu --- le hossu physique réel que tient maître Seigen --- n'existe qu'à ce seul endroit, pas en Inde ni à Sokei.
Maître Seigen n'est pas satisfait et veut entendre quelque chose de plus réaliste. Il savait que Sekito n'avait jamais été en Inde, il lui demande donc de parler d'expérience, et pas de suppositions. Du point de vue ultime, maître Seigen savait que Sekito devrait apprendre comment exprimer sa propre vérité. C'était là quelque chose que personne ne pourrait faire à sa place.

lundi 28 septembre 2009

Dogen Sangha à Bordeaux

Un de mes amis, actuellement étudiant à Bordeaux, m'a proposé d'organiser un petit groupe d'étude et de pratique à Bordeaux, selon les enseignements de Nishijima rôshi.

S'il en est qui lisent de forum et qui pourraient être intéressés, qu'ils me le fassent savoir.

Merci

mxl

samedi 19 septembre 2009

Shinji Shôbôgenzô

N'ayant pas grand chose à raconter, je vais vous mettre en ligne des kôans du recueil de maître Dôgen, en commençant par les introductions de Michael Eido Luetchford et de Gudo Nishijima rôshi.

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Shôbôgenzô signifie "Le Trésor de l'Oeil droit du Dharma". Ne cherchez pas l'Oeil gauche... Plutôt, l'Oeil correct du Dharma... Bon, Shinji signifie "original (ou vrai) caractère (d'écriture)"., c'est-à-dire les caractères chinois dans lesquels le livre est écrit. On le connaît aussi comme "Shôbôgenzô en trois-cents histoires" et aussi Mana Shôbôgenzô, mana étant une lecture alternative à shinji.
Il s'agit d'une collection de trois cents un de ces mondo (questions-réponses, discussions) en chinois que l'on appelle habituellement koans, ces historiettes qui décrivent les conversations et les actions des anciens maîtres bouddhistes.

Compilés au XIII° siècle par maître Dôgen, le fondateur de l'école japonaise Sôtô du Bouddhisme zen, l'un des plus brillants philosophes de l'histoire du Japon, ces trois-cents un koans se répartissent en trois sections ou "livres", deux de cent kôans et l'un de cent-un. Au départ, son titre était simplement "Shôbôgenzô", tout comme l'oeuvre monumental de Dôgen en japonais, mais il semble qu'on ait ajouté "Shinji" par la suite, pour le distinguer de l'autre.

Ses origines sont assez obscures et sont encore un sujet de recherches universitaires. Longtemps, plusieurs siècles même, on a contesté l'attribution du recueil et de fait, jusqu'en 1934, la seule version disponible en était un commentaire par maître Shigetsu Ein daté aux environs de la moitié du XVII° siècle, Nentei Sambyakusoku Funogo. C'est alors qu'on fit une importante découverte dans les archives médiévales de Kanagawa, en 1934. On y trouva une copie de l'un des trois volumes du Shinji Shôbôgenzô, datée de 1288, ce qui démontrait que le livre existait peu de temps après le décès de maître Dôgen en 1253. De plus, les récits eux-mêmes ont une grande ressemblance avec leurs citations dans le Shôbôgenzô en japonais de maître Dôgen.

Aujourd'hui, la majorité des spécialistes du Bouddhisme se sont rangés à l'attribution à maître Dôgen. Sa date de compilation est toujours contestée, mais on a de fortes raisons de penser que maître Dôgen avait au moins commencé à le compiler dès son séjour au Kenninji, avant même son départ pour la Chine, peut-être en tant que documents de référence pour ses études.

Il existe plusieurs divergences sur les liens entre les textes d'époque Song d'où proviennent ces récits (y-compris le Keitoku Dentoroku, le Shumon Toyoshu, l'Engo Koroku, le Wanshi Goroku, etc.) ainsi que sur la nature de la relation entre les deux Shôbôgenzôs de maître Dôgen. Cependant, il semble évident qu'il s'est servi de cette collection de kôans comme source pour ses conférences et ses écrits. Alors que dans le Shinji Shôbôgenzô, ces kôans sont transcrits sans commentaire, dans son chef-d'oeuvre, le Shôbôgenzô en japonais, ainsi que dans le recueil de ses conférences, le Eihei Koroku, Dôgen fait constamment référence à plusieurs de ces récits : il les commente, les interprète et même les déconstruit et les reconstruit au gré de son propos didactique.

Le fait que maître Dôgen décrivait ces mondo comme kosoku (critères ancestraux) ou innen (causes et effets) est significatif : il ne les appelait pas des kôans. Il n'utilisait ce mot que pour signifier le Dharma ou l'Univers dans lequel nous vivons, comme dans le Shôbôgenzô Genjôkôan (L'Univers réalisé), usage qui diffère totalement de celui de l'école Rinzaï. Il s'en sert dans tous ses textes pour examiner et expliquer les enseignements bouddhistes ainsi que le système logique du Bouddhisme. Cependant, il reste important de noter que nulle part dans tout son oeuvre, maître Dôgen ne conseille de les utiliser au cours de la pratique de Zazen.

(D'après Michael Eido Luetchford et Jeremy Pearson).
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Toutes les idées de maître Dôgen sont exprimées selon une structure en quatre phases. Tout d'abord, il exprime un problème sous un angle idéaliste, autrement dit, une idée se servant de concepts abstraits. Immédiatement après, il explique le même problème, mais cette fois sous un angle objectif, ou matérialiste. Autrement dit, il donne des exemples concrets et des faits. Puis, dans un troisième temps, il exprime le problème sous l'angle d'un problème réel, c'est-à-dire sous celui de l'action.
Evidemment, il ne peut pas expliquer parfaitement la réalité du problème grâce à des mots dans un livre, mais il le fait en rapprochant le point de vue subjectif qu'il présente d'abord et le second point de vue objectif. Il en fait une synthèse qui est une évaluation réaliste basée sur la philosophie de l'action, qui dit que dans l'action, qui est une synthèse du soi et du monde extérieur. Et à la fin, il tente de suggérer la nature subtile et ineffable de la réalité elle-même en recourant à un discours symbolique, poétique ou figuratif.
Le Shôbôgenzô est rempli de ces explications à quatre temps. Même les chapitres peuvent se répartir selon ces quatre groupes: théorique, objectif, réaliste et figuratif/poétique. Le contenu des chapitres l'est de même et même souvent les paragraphes.
La lecture du Shôbôgenzô est difficile car il semble regorger de contradictions logiques. Mais cela est dû à cette utilisation en quatre étapes, car les points de vue subjectif et objectif sont toujours contradictoires, et une explication réaliste parait toujours contredire les deux précédents.

Ces histoires du Shinji Shôbôgenzô sont construites sur la même structure. Ce sont des histoires très réalistes, qui servaient à enseigner les principes fondamentaux du Bouddhisme. Elles n'ont rien de mystique ou d'incompréhensible: elles sont la façon qu'ont les maîtres de nous indiquer la réalité.

(D'après Gudô Nishijima rôshi)

mardi 1 septembre 2009

s'amuser à faire des étincelles avec du silex

L'autre jour, à Francfort, lors de la sesshin, Brad Warner a cité ce passage de maître Dôgen où celui-ci dissuade ses disciples de s'amuser à faire des étincelles avec des silex. Le silex étant cette variété de pierre qui équipe les briquets, ce qui permet d'enflammer la mèche (pour les briquets antiques et les zippo à essence) ou le gaz (pour les briquets modernes), il semble qu'au treizième siècle, certains trouvaient cette caractéristique assez étonnante pour s'en faire un jeu.

Quoique.

J'ai déjà vu des enfants s'amuser inlassablement à allumer un briquet, voire à faire des étincelles quand il n'y a plus de gaz...

La réflexion qui lui est venue, est qu'aujourd'hui, Dôgen dirait de ne pas s'amuser sur une console (playstation ou autre), en poursuivant sa réflexion sur le fait qu'après tout, dans une playstation, ce sont en définitive des étincelles qu'on retrouve derrière le fonctionnement de l'écran. Et comme le silicium tire justement son nom du silex qui est une pierre de silice, voilà la boucle bouclée.

Nos plus grandes distractions contemporaines (et je m'y inclus) sont des étincelles faites avec du silex!!! ...

Si nous sommes sérieux dans la pratique de la Voie, nous devons faire attention à ce problème. L'ordinateur, le téléphone portable, les consoles de jeu ne sont, au bout du compte que des étincelles faites avec du silex et nous sommes comme hypnotisés par elles, elles nous bouffent un temps fou, nous empêchent de faire notre travail, d'aller faire du sport, de faire un peu d'exercice, d'aller au spectacle, de lire de vrais livres (en papier avec des caractères imprimés et tout et tout!) et aussi de nous asseoir, ne fut-ce que 10 minables minutes face à un mur, face à nous mêmes. Ne pouvons-nous y réfléchir et voir que nous tendons à nous laisser asservir avec plus de solidité que par la plus lourde des chaînes?

Allez hop! Au zafu!

mercredi 12 août 2009

Dévotions

Bon, je contribue pas souvent, mais je me suis dit hier que je pourrais aborder ce sujet.

La démarche de base, lorsqu'on décide d' "être" bouddhiste, c'est la prise de refuge.
Dans certaines écoles, cela fait l'objet d'une cérémonie, d'autres sont moins contraignantes sur ce sujet. De quoi s'agit-il?

"Je prends refuge dans le Bouddha,
"Je prends refuge dans le Dharma,
"Je prends refuge dans le Sangha".

En prononçant ces refuges, on déclare (essentiellement à soi-même) qu'on prendra le Bouddha et de ses successeurs pour guides, qu'on mettra leurs enseignements en pratique, et qu'on s'appuiera sur l'ensemble de ceux et celles qui en font autant pour approfondir et développer sa pratique/étude.

Si j'écris ainsi "pratique/étude", c'est essentiellement parce que l'une ne peut aller sans l'autre.

Parfois, certains vont opposer à l'aspect religieux du Bouddhisme qu'il est une philosophie. C'est oublier ce qu'était la philosophie dans l'antiquité. Ce que nous, nous appelons philosophie, Robert M Pirsig l'appelle la "philosophologie". Nous n'apprenons jamais que le discours sur la philo: l'histoire de la philosophie, l'histoire de leurs penseurs, des éléments de leur pensée, mais ce n'est pas cela une philosophie.

Dans l'antiquité, lorsqu'on adhérait à une école philosophique, cela impliquait de se conformer aux règles et enseignements de cette école, dans sa vie de tous les jours. Chaque école avait ses règles de vie, et adhérer aux enseignements n'était pas qu'un jeu de l'esprit; c'était un engagement de tout l'être. En ce sens, on peut donc dire des philosophies de l'antiquité qu'elles étaient plus près de ce qu'on appelle "religion" que ce que nous, nous appelons "philosophie".

Cela dit, il convient aussi de se rappeler que l'Homme est un animal symbolique. Nous avons besoin de ce symbolique et tenter de l'éliminer ne fera que le faire revenir autrement. En ce sens, le Bouddhisme est une religion. Je rappelle toujours que ce mot, au contraire de l'étymologie si souvent avancée, mais qui est fausse, vient du verbe "religere", c'est-à-dire relire, et se réfère précisément à cette aspect rituel qui est justement ce qui porte le symbolique.

Maître Mokudô Taisen (Deshimaru) disait que les cérémonies, c'est du théâtre. Certes, mais ce serait aussi oublier la dimension religieuse du théâtre. Les tragédies de Sophocle, Euripide et autres étaient des cérémonies religieuses, ce qui ne laissera pas d'étonner ceux pour qui le théâtre n'est qu'un divertissement. Un mariage, c'est du théâtre. Des funérailles, c'est du théâtre (et pas du moindre!). Une remise de diplômes, c'est du théâtre: la preuve, il y a des pays (comme le nôtre) ou cela ne se fait pas.

C'est pour ces raisons que je continue à diriger des mini-cérémonies. Jusqu'ici ce ne furent que récitations du Sûtra du Coeur (http://www.youtube.com/watch?v=eFletFs5StE&feature=channel_page). Je n'ai pas encore eu l'occasion de conférer les préceptes, mais je suppose que cela viendra.

Ce qu'on peut reprocher à la Sôtôshu comme à l'AZI, ce n'est pas les cérémonies que ces associations pratiquent. C'est que ces cérémonies prennent trop de place par rapport à la pratique (de zazen) et à l'étude (des textes). Lorsque ce n'est plus que du "théâtre", on pourrait alors se contenter de comédiens. Si nous voulons avancer, il faudra bien réfléchir sur l'équilibre à respecter entre ces aspects.

Pour l'instant, je me contenterai donc de faire tous les matins sampai, comme tous les jours depuis septembre 2003.

dimanche 28 juin 2009

Renoncement

J'ai vu quelque chose, samedi qui m'a chagriné, si je puis dire.

Une dame que je connais, qui fréquente un autre enseignant zen depuis longtemps, se promène le crâne rasé, mais maquillée et affublée d'énormes boucles d'oreilles.

Que veut dire "se raser le crâne" pour un bonze bouddhiste? C'est le signe extérieur du renoncement. Du renoncement aux distinctions de sexe, de beauté, de séduction, du renoncement à l'envie d'être beau/belle, bref, une attitude d'acceptation sereine des choses telles qu'elles sont.

Que veut dire mettre du maquillage et des boucles d'oreilles voyantes? Que l'on n'a nullement renoncé à ces choses. Que veut dire "se raser le crâne" dans ces conditions? Ce n'est plus qu'un signe extérieur d'appartenance à un groupe social spécifique: "Regardez-moi: je suis une "zen"!"

Ce n'est plus du renoncement, c'est de l'exhibitionnisme...

Rappelez-vous, ceux que cela concerne ou intéresse: on ne doit se raser le crâne qu'à la pleine lune et à la nouvelle lune, et à la même occasion, renouveler ses voeux de respecter les préceptes, et se confesser d'avoir commis des erreurs.

Sinon, c'est pas la peine...

dimanche 31 mai 2009

Vous en posez des questions !

Un correspondant m'a écrit :

> Bonjour !
> -Comment peut on se concentrer sur la posture
> -Comment peut on se concentrer sur la respiration
> -Comment peut on se concentrer sur la posture et la respiration à la fois
> -Comment avoir un état d'esprit vide sans pensées

Vous en posez des questions! :-)

Se concentrer sur la posture: Vous êtes assis, en posture avec le dos redressé (c'est-à-dire en double courbe...) la tête bien posée sur la colonne. Vous respirez tranquillement. Vous vous assoupissez ou vous avez le petit vélo qui fait le tour de France dans le crâne. Alors, vous portez votre attention sur votre posture: suis-je bien assis? ai-je le dos droit? Est-ce que ma tête est bien posée? Est ce que mon nez est à la verticale de mon nombril? Est-ce que mes oreilles sont à la verticale de mes épaules? Vous étirez les muscles de la colonne, et vous sentez que vous vous allongez vers le haut.
Si c'était le vélo, vous bougez les épaules pour les détendre (la gamberge fait toujours se crisper les épaules).

On n'est pas assis à rien faire! On est en train de faire quelque chose de précis, et on cherche à ne faire que cela. Etre assis. Il ne faut pas faire deux ou trois choses à la fois. Une seule suffit. C'est pourquoi il s'agit d'une posture dynamique, où on est occupé pendant toute la durée de la séance. Occupé à rester assis, en équilibre entre devant et derrière, gauche et droite, mais aussi entre système nerveux sympathique et système nerveux parasympathique, entre assoupissement et agitation mentale, entre crispation et détente.

Comment peut-on se concentrer sur la respiration? Il ne faut pas. Si on se concentre sur sa respiration, on n'est plus concentré sur ce qu'on fait (être assis). On essaie de faire deux choses à la fois. Pas bon.

Lorsqu'on est concentré sur la posture, on est concentré sur son corps et sur la façon dont il nous permet d'être assis. Fatalement, la respiration étant une fonction automatique, on l'observe par la force des choses. Cela suffit, et correspond à ce que dit le Satipatthana sutta: "quand je respire vite, j'observe que ma respiration est rapide. Quand je respire lentement, j'observe que ma respiration est lente". Ne faire qu'une seule chose à la fois, être assis, permet paradoxalement d'observer sa respiration, alors que se concentrer sur sa respiration ne permet pas d'être attentif à ce qu'on fait (être assis).

Comment avoir un état d'esprit vide, sans pensées? On ne l'a pas. Penser est une activité naturelle de notre cerveau. Il ne peut s'en empêcher. Mais, si l'on observe le processus de la pensée, on s'aperçoit qu'il se divise en plusieurs strates. Les strates les plus fondamentales émettent des pensées très primitives, absolument pas verbales. Des sensations. Des envies. Ensuite, il y a les images. Une image surgit. Puis une autre.

La strate qui nous intéresse, c'est celle de la verbalisation. A partir de telle sensation, ou de telle image, nous élaborons un discours. Et nous le développons. Nous nous emparons d'un stimulus du cerveau, et nous en faisons une "expansion": nous le développons, nous l'agrégeons à autre chose, nous combinons, nous élaborons, bref, nous gambergeons. C'est cela que nous essayons de faire cesser au moins momentanément. Ce type sur la banquette arrière qui sait tout mieux que le conducteur et qui lui dit tout ce qu'il doit faire et plus encore, et lui indique toujours où aller, même et surtout quand il le sait très bien déjà. TA YEULE! :-D

Mais pour cela, il ne faut pas essayer. Cela arrive. Il ne faut pas l'empêcher. Il faut simplement être à ce qu'on fait, et cela ne se produit pas.


Mxl

jeudi 30 avril 2009

Réincarnation vs renaissance

Je me suis fait rabrouer sur un forum italien parce que j'ai dit que le Bouddha avait nié la réincarnation. Evidemment, si l'administrateur du forum est un dévot "tibétain", il ne faut pas s'en étonner. Néanmoins, je trouve que cela appelle quelques remarques.

Dans le Brahmajala Sutta (Majjhima Nikaya 38), le Bouddha expose comment des ascètes qui ont pourtant de l'expérience et de la bouteille peuvent se tromper lourdement sur la signification de leurs "visions". Du genre de celle que Brad Warner expose dans son premier livre, où il voit se dérouler sous ses yeux tout le processus de contraction et d'expansion de l'Univers.

C'est là que le Bouddha expose comment un dieu, étant le premier à apparaître dans son "palais" peut en arriver à croire être le tout premier d'entre les dieux (voire le seul!). Il y expose aussi les doctrines éternalistes et annihilationnistes. Ces doctrines sont, respectivement, celle qui prétend qu'il existe à chaque être une "essence" permanente et inaltérable (ce que les Chrétiens et autres appellent "l'âme"), et qui, dans l'hindouïsme voyage de corps en corps, ce qu'on appelle la "transmigration des âmes" ou "réincarnation". L'autre étant qu'à l'opposé, à la mort, à la dissolution du corps, l'esprit disparaît lui aussi.

Ce qui est exposé dans les suttas, c'est que le "karma" de chaque être, à cause de sa peur panique de disparaître à tout jamais, est projeté sur un nouveau-né, nouveau-né qui aura le souvenir de la vie de quelqu'un d'autre, pourra éventuellement croire avoir été ce quelqu'un d'autre, et verra sa vie influencée par ce souvenir.

Ce que je puis en dire, à part ce qu'on peut lire dans les sutras, c'est que rien ne permet d'affirmer ou d'infirmer ces choses. On n'a jamais vu personne revenir pour nous dire ce qui en est, et il me paraît que si c'était possible, qui empêcherait quelqu'un d'apparaître à la télé quelque temps après sa mort (qu'est-ce qui empêcherait une telle personne de pirater les ondes???) pour annoncer à l'humanité ce qui en est de son futur après la mort...

Autrement dit, dans tous les cas de figure, on en est au strict niveau des spéculations, et qui plus est, des spéculations oiseuses. C'est bien pour cette raison que tous les maîtres zen ont toujours eu tendance à s'agacer des questions sur la réincarnation ou renaissance, comme on voudra. On a déjà tant à faire ici et maintenant, et il faudrait se prendre la tête sur des histoires de transmigration? Alors, le truc de la renaissance, comme je l'ai exposé ci-dessus, passe encore, mais franchement, la transmigration d'une âme inaltérable, cela me paraît illogique à partir du moment où on postule l'unité du corps et de l'esprit.

Quand en plus on sait l'usage particulièrement politique (et pas toujours de façon "noble") qui a été fait (et se fait toujours) au Tibet et dans les milieux tibétains de ces histoires, il me semble qu'on pourrait en revenir un peu. D'ailleurs, il me semble que le Dalaï-Lama commence à en voir les possibilités perverses sur lesquelles lorgnent les Chinois.

Alors, pourquoi ne pas cesser de délirer?

dimanche 19 avril 2009

Le moi, la conscience et la spiritualité

Je suis paresseux et pas très inventif en matière de blog, et je puise volontiers ailleurs. Voici ce qu'un correspondant du blog de Brad Warner écrivait l'autre jour, en gros:

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... La spiritualité est ce vers quoi tend Brad. A savoir, la conscience est-elle notre "propre" expérience individuelle ou bien une portion d'une expérience à plus grande échelle dont nous ne serions qu'une toute petite partie?

Selon certaines traditions hindouïstes, nous faisons partie, maintenant et à tout jamais, d'une seule substance. La conscience serait alors un état dans lequel (comme dans l'océan) des bulles surgissent, séparant ainsi une partie de l'eau du reste (les parties séparées étant le moi comme dans les individus). Lorsque ces "bulles de vie" éclatent, nous ne faisons plus qu'un avec la substance unique (un océan de ~ eau).

Cette théorie fonctionne bien avec les boucles de Planck, dans lesquelles l'entièreté du tissu de l'espace-temps est une sorte de maille en 3D de boucles entrelacées. Si les mailles étaient étires dans toutes les directions, on n'aurait aucune masse perceptible. L'espace-temps serait immense et froid. Par contre, si la maille était comprimée en une seule boucle (1 x 10^-33 cm), on ferait alors l'expérience de la "singularité". L'espace-temps serait microscopique et chaud.

Tout comme un "slinky", ces chenilles-jouet construites autour d'un ressort hélicoïdal, cet espace-temps s'étire, puis se contracte, avant de s'étirer à nouveau, et ce, éternellement (sans commencement ni fin).

C'est ainsi que les concepts comme "vous et moi", "nous et eux", et "ceci et cela" sont absolument et totalement insignifiants, en fin de compte. Ce sont des fictions grammaticales.

Mais il est malgré tout inutile d'invoquer la physique quantique pour expliquer le "non-soi" (l'interdépendance) Prenons ce qui nous appartient. Existe-t-il un quelconque test scientifique des propriétés physiques de cet objet qui pourrait démontrer qu'il est à nous? Non, car la propriété n'est qu'un concept légal. Cela s'applique à tout le reste, y-compris le corps physique. Il ne nous appartient nullement, en réalité et s'il n'est pas à nous, comment pourrait-il être nous? Il n'y a donc pas de moi, et ce moi n'est rien d'autre qu'un concept. Fort utile au demeurant, mais conceptuel néanmoins.

Certes, quoi que soit ce qui me donne cette impression de moi, elle doit dépendre de mon corps, car c'est lui qui se situe dans l'espace-temps. Mais s'il était réellement "à moi", je pourrais lui interdire de vieillir, de se détériorer, de grossir et de tomber malade. Il ne fait rien de ces choses que "je" voudrais qu'il fasse. Donc...

dimanche 15 mars 2009

Cérémonies

Ce matin, des visiteurs m'ont interrogé sur les cérémonies. Maître Mokudô Taisen disait que les cérémonies, c'est du théâtre, et il avait bien raison. Mais le théâtre est religieux dans son essence même. Les pièces de Sophocle, d'Euripide, d'Eschyle étaient des cérémonies religieuses. Les cérémonies ne servent à rien mais, encore, maître Shômon Kôdô disait que "Zazen ne sert à rien".
La pratique se suffit à elle-même, mais, pour de nombreux pratiquants, les cérémonies permettent de créer du lien. En ce sens, elles ont donc leur importance. Il faut simplement voir à ce qu'elles n'occupent pas toute la place.
La récitation du Sûtra du Coeur (de préférence en langue vernaculaire) clôture bien une séance de zazen. Si elle se fait en français, elle permet de mémoriser les données essentielles du Bouddhisme. (Si elle ne se fait qu'en chinois shanghaïen du XIII° siècle, cet aspect passe un peu à la trappe). La dédicace universelle ("Que ces mérites qui se répandent en tous lieux éteignent le feu de la souffrance et nous permettent avec tous les êtres de réaliser la Voie du Bouddha")* sert aussi très bien ce propos.
Mais une cérémonie trop oubliée me paraît essentielle: c'est la seule qu'ait instituée le Bouddha de son vivant: la cérémonie du Repentir. On commence par la formule "Les torts que j'ai commis par le passé étaient le résultat de l'ignorance, de l'avidité et de l'aversion éternelles. Ils étaient le produit du corps, de la parole et de l'esprit. Aujourd'hui je m'en confesse et je m'en repents".** Ensuite, on répète les voeux qu'on a pris au moment de la prise des préceptes.
Il me semble bien plus logique de faire ainsi et de ne pas se laisser prendre au piège des belles formules en langue ésotérique que personne ne comprend.
Certes, il y a des gens qui se régalent de ne pas comprendre. Mais si l'on veut que la Voie bouddhiste soit une voie de la libération et non pas l'une des innombrables voies de l'asservissement, il est important de se rappeler souvent ce qu'est l'éthique.

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* Ceux qui fréquentent des dojos zen l'ont peut être entendue sous cette forme: "negawaku wa, kono kudoku wo motte, amaneku issai ni oyoboshi warera to shujo to mina to mo ni, butsudo wo jozen koto wo."
** La formule japonaise est: ga shaku sho zo sho aku go, kai yu mu shi ton jin chi, jushin ku i shi sho sho; issai ga kon kai sange."

jeudi 5 mars 2009

La raison pour s'asseoir

Je viens de lire un truc de Brad Warner qui m'interpelle. Alors je vous le traduis ici. Il écrit que la raison pour s'asseoir comme nous le faisons en zazen, c'est de pratiquer la stabilité. Si on s'est jamais trouvé sur un bateau par mauvais temps, on sait combien c'est bon de retrouver la terre ferme. Ce n'est pas qu'une sensation physique. La stabilité nous calme les nerfs. Des gens paient cher pour aller sur les manèges et se faire tourner dans tous les sens pour ressentir de la désorientation et de l'instabilité.

Zazen est la posture suprême de la stabilité. C'est la pratique réelle de la stabilité. C'est pour cela qu'elle est si absolument cruciale. Et je ne parle pas de la torsion des jambes, même si le lotus complet paraît être effectivement plus stable que les autres postures, si on y arrive. Mais c'est le fait de s'asseoir sur un coussin en se servant de ses genoux pour former un trépied et maintenir la colonne vertébrale droite de sorte qu'elle se balance en équilibre sur les hanches. C'est une posture qui permet de se sentir stable physiquement et mentalement dans une mesure qu'aucune autre posture ne permet.

Samedi le 7, matinée de zazen au 12 rue Doria, à partir de 10 heures.

lundi 16 février 2009

Modifications

Bonjour

Je viens d'effectuer une modification. Ceux qui arrivent ici en provenance de mon site pourront y retourner en cliquant sur l'adresse "Un Zen méridional".

Ainsi, si j'ai quelque chose à dire (!!!) cela sera relié à mon site.

J'ai aussi résolu de fixer une date pour le samedi mensuel: ce sera toujours le premier samedi du mois. Comme ça, les rares personnes intéressées n'auront pas à jongler avec les dates.

jeudi 12 février 2009

Matinée de zazen

Un message vite fait (dont je me demande qui le lit!!!)
Samedi matin, le 14 février, matinée de zazen à partir de 10 hres (arriver 10 min avant) au 12 rue Doria, 34000 Montpellier.

vendredi 9 janvier 2009

Bonne année

Bonne année à tous, et meilleurs voeux, même et surtout si les perspectives s'annoncent plutôt sombres.

Nous avons repris nos pratiques hebdomadaires le jeudi soir à 19hres 30, au 12 de la rue Doria, près des Arceaux à Montpellier.

Il y aura une matinée de pratique le samedi 17 janvier, chez Philippe (me contacter pour tout renseignement) et une journée de zazen ici (12 rue Doria) le 31 janvier.

Il semble que, dans certains groupes, on tende à considérer que fréquenter le dojo un enseignant quelconque ait valeur d'engagement envers le dit enseignant. Avec pour effet que les membres d'un dojo tendent à considérer les autres avec suspicion, s'ils ne sont pas de leur chapelle.

Je tiens pour cela à rappeler à tous qu'avant de se choisir un enseignant, la tradition veut qu'on en fréquente beaucoup. C'est important pour ne pas se fourvoyer. A cet égard, je n'ai aucune prétention et je ne voudrais pas, comme je le disais à quelqu'un hier, qu'on en vienne à croire une telle chose à mon propos. Soyez donc circonspects. On fréquente un groupe ou un dojo pour des raisons de proximité géographique, le plus souvent: cela ne doit pas devenir une entrave.

Mxl