Ce matin, des visiteurs m'ont interrogé sur les cérémonies. Maître Mokudô Taisen disait que les cérémonies, c'est du théâtre, et il avait bien raison. Mais le théâtre est religieux dans son essence même. Les pièces de Sophocle, d'Euripide, d'Eschyle étaient des cérémonies religieuses. Les cérémonies ne servent à rien mais, encore, maître Shômon Kôdô disait que "Zazen ne sert à rien".
La pratique se suffit à elle-même, mais, pour de nombreux pratiquants, les cérémonies permettent de créer du lien. En ce sens, elles ont donc leur importance. Il faut simplement voir à ce qu'elles n'occupent pas toute la place.
La récitation du Sûtra du Coeur (de préférence en langue vernaculaire) clôture bien une séance de zazen. Si elle se fait en français, elle permet de mémoriser les données essentielles du Bouddhisme. (Si elle ne se fait qu'en chinois shanghaïen du XIII° siècle, cet aspect passe un peu à la trappe). La dédicace universelle ("Que ces mérites qui se répandent en tous lieux éteignent le feu de la souffrance et nous permettent avec tous les êtres de réaliser la Voie du Bouddha")* sert aussi très bien ce propos.
Mais une cérémonie trop oubliée me paraît essentielle: c'est la seule qu'ait instituée le Bouddha de son vivant: la cérémonie du Repentir. On commence par la formule "Les torts que j'ai commis par le passé étaient le résultat de l'ignorance, de l'avidité et de l'aversion éternelles. Ils étaient le produit du corps, de la parole et de l'esprit. Aujourd'hui je m'en confesse et je m'en repents".** Ensuite, on répète les voeux qu'on a pris au moment de la prise des préceptes.
Il me semble bien plus logique de faire ainsi et de ne pas se laisser prendre au piège des belles formules en langue ésotérique que personne ne comprend.
Certes, il y a des gens qui se régalent de ne pas comprendre. Mais si l'on veut que la Voie bouddhiste soit une voie de la libération et non pas l'une des innombrables voies de l'asservissement, il est important de se rappeler souvent ce qu'est l'éthique.
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* Ceux qui fréquentent des dojos zen l'ont peut être entendue sous cette forme: "negawaku wa, kono kudoku wo motte, amaneku issai ni oyoboshi warera to shujo to mina to mo ni, butsudo wo jozen koto wo."
** La formule japonaise est: ga shaku sho zo sho aku go, kai yu mu shi ton jin chi, jushin ku i shi sho sho; issai ga kon kai sange."
dimanche 15 mars 2009
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3 commentaires:
Et justement, qu'elle est la place et le rôle des vœux et de la prise de précepte ?
Une formalisation d'un état de fait préalable. Certes, on peut en faire aussi une montée en grade, comme cela se fait ailleurs, en récitant, sans rien y comprendre, des phrases en chinois shanghaïen du XIII° siècle ou en japonais de la même époque. Mais la prise des préceptes est une reconnaissance formelle de ce qu'on a pris connaissance du "code de la Voie".
C'est presque une blague de le réciter sans rien comprendre si l'on se place sur le fait qu'il soit une reconnaissance d'un "code de conduite" ^^ Merci pour ta réponse =)
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