dimanche 15 mars 2009

Cérémonies

Ce matin, des visiteurs m'ont interrogé sur les cérémonies. Maître Mokudô Taisen disait que les cérémonies, c'est du théâtre, et il avait bien raison. Mais le théâtre est religieux dans son essence même. Les pièces de Sophocle, d'Euripide, d'Eschyle étaient des cérémonies religieuses. Les cérémonies ne servent à rien mais, encore, maître Shômon Kôdô disait que "Zazen ne sert à rien".
La pratique se suffit à elle-même, mais, pour de nombreux pratiquants, les cérémonies permettent de créer du lien. En ce sens, elles ont donc leur importance. Il faut simplement voir à ce qu'elles n'occupent pas toute la place.
La récitation du Sûtra du Coeur (de préférence en langue vernaculaire) clôture bien une séance de zazen. Si elle se fait en français, elle permet de mémoriser les données essentielles du Bouddhisme. (Si elle ne se fait qu'en chinois shanghaïen du XIII° siècle, cet aspect passe un peu à la trappe). La dédicace universelle ("Que ces mérites qui se répandent en tous lieux éteignent le feu de la souffrance et nous permettent avec tous les êtres de réaliser la Voie du Bouddha")* sert aussi très bien ce propos.
Mais une cérémonie trop oubliée me paraît essentielle: c'est la seule qu'ait instituée le Bouddha de son vivant: la cérémonie du Repentir. On commence par la formule "Les torts que j'ai commis par le passé étaient le résultat de l'ignorance, de l'avidité et de l'aversion éternelles. Ils étaient le produit du corps, de la parole et de l'esprit. Aujourd'hui je m'en confesse et je m'en repents".** Ensuite, on répète les voeux qu'on a pris au moment de la prise des préceptes.
Il me semble bien plus logique de faire ainsi et de ne pas se laisser prendre au piège des belles formules en langue ésotérique que personne ne comprend.
Certes, il y a des gens qui se régalent de ne pas comprendre. Mais si l'on veut que la Voie bouddhiste soit une voie de la libération et non pas l'une des innombrables voies de l'asservissement, il est important de se rappeler souvent ce qu'est l'éthique.

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* Ceux qui fréquentent des dojos zen l'ont peut être entendue sous cette forme: "negawaku wa, kono kudoku wo motte, amaneku issai ni oyoboshi warera to shujo to mina to mo ni, butsudo wo jozen koto wo."
** La formule japonaise est: ga shaku sho zo sho aku go, kai yu mu shi ton jin chi, jushin ku i shi sho sho; issai ga kon kai sange."

jeudi 5 mars 2009

La raison pour s'asseoir

Je viens de lire un truc de Brad Warner qui m'interpelle. Alors je vous le traduis ici. Il écrit que la raison pour s'asseoir comme nous le faisons en zazen, c'est de pratiquer la stabilité. Si on s'est jamais trouvé sur un bateau par mauvais temps, on sait combien c'est bon de retrouver la terre ferme. Ce n'est pas qu'une sensation physique. La stabilité nous calme les nerfs. Des gens paient cher pour aller sur les manèges et se faire tourner dans tous les sens pour ressentir de la désorientation et de l'instabilité.

Zazen est la posture suprême de la stabilité. C'est la pratique réelle de la stabilité. C'est pour cela qu'elle est si absolument cruciale. Et je ne parle pas de la torsion des jambes, même si le lotus complet paraît être effectivement plus stable que les autres postures, si on y arrive. Mais c'est le fait de s'asseoir sur un coussin en se servant de ses genoux pour former un trépied et maintenir la colonne vertébrale droite de sorte qu'elle se balance en équilibre sur les hanches. C'est une posture qui permet de se sentir stable physiquement et mentalement dans une mesure qu'aucune autre posture ne permet.

Samedi le 7, matinée de zazen au 12 rue Doria, à partir de 10 heures.