dimanche 31 mai 2009

Vous en posez des questions !

Un correspondant m'a écrit :

> Bonjour !
> -Comment peut on se concentrer sur la posture
> -Comment peut on se concentrer sur la respiration
> -Comment peut on se concentrer sur la posture et la respiration à la fois
> -Comment avoir un état d'esprit vide sans pensées

Vous en posez des questions! :-)

Se concentrer sur la posture: Vous êtes assis, en posture avec le dos redressé (c'est-à-dire en double courbe...) la tête bien posée sur la colonne. Vous respirez tranquillement. Vous vous assoupissez ou vous avez le petit vélo qui fait le tour de France dans le crâne. Alors, vous portez votre attention sur votre posture: suis-je bien assis? ai-je le dos droit? Est-ce que ma tête est bien posée? Est ce que mon nez est à la verticale de mon nombril? Est-ce que mes oreilles sont à la verticale de mes épaules? Vous étirez les muscles de la colonne, et vous sentez que vous vous allongez vers le haut.
Si c'était le vélo, vous bougez les épaules pour les détendre (la gamberge fait toujours se crisper les épaules).

On n'est pas assis à rien faire! On est en train de faire quelque chose de précis, et on cherche à ne faire que cela. Etre assis. Il ne faut pas faire deux ou trois choses à la fois. Une seule suffit. C'est pourquoi il s'agit d'une posture dynamique, où on est occupé pendant toute la durée de la séance. Occupé à rester assis, en équilibre entre devant et derrière, gauche et droite, mais aussi entre système nerveux sympathique et système nerveux parasympathique, entre assoupissement et agitation mentale, entre crispation et détente.

Comment peut-on se concentrer sur la respiration? Il ne faut pas. Si on se concentre sur sa respiration, on n'est plus concentré sur ce qu'on fait (être assis). On essaie de faire deux choses à la fois. Pas bon.

Lorsqu'on est concentré sur la posture, on est concentré sur son corps et sur la façon dont il nous permet d'être assis. Fatalement, la respiration étant une fonction automatique, on l'observe par la force des choses. Cela suffit, et correspond à ce que dit le Satipatthana sutta: "quand je respire vite, j'observe que ma respiration est rapide. Quand je respire lentement, j'observe que ma respiration est lente". Ne faire qu'une seule chose à la fois, être assis, permet paradoxalement d'observer sa respiration, alors que se concentrer sur sa respiration ne permet pas d'être attentif à ce qu'on fait (être assis).

Comment avoir un état d'esprit vide, sans pensées? On ne l'a pas. Penser est une activité naturelle de notre cerveau. Il ne peut s'en empêcher. Mais, si l'on observe le processus de la pensée, on s'aperçoit qu'il se divise en plusieurs strates. Les strates les plus fondamentales émettent des pensées très primitives, absolument pas verbales. Des sensations. Des envies. Ensuite, il y a les images. Une image surgit. Puis une autre.

La strate qui nous intéresse, c'est celle de la verbalisation. A partir de telle sensation, ou de telle image, nous élaborons un discours. Et nous le développons. Nous nous emparons d'un stimulus du cerveau, et nous en faisons une "expansion": nous le développons, nous l'agrégeons à autre chose, nous combinons, nous élaborons, bref, nous gambergeons. C'est cela que nous essayons de faire cesser au moins momentanément. Ce type sur la banquette arrière qui sait tout mieux que le conducteur et qui lui dit tout ce qu'il doit faire et plus encore, et lui indique toujours où aller, même et surtout quand il le sait très bien déjà. TA YEULE! :-D

Mais pour cela, il ne faut pas essayer. Cela arrive. Il ne faut pas l'empêcher. Il faut simplement être à ce qu'on fait, et cela ne se produit pas.


Mxl

3 commentaires:

Dams a dit…

Je trouve très intéressant l'image des strates. Cela donne lieu à une image beaucoup plus compréhensible pour voir que l'on n'essaye pas d'atteindre "le vide de pensée" mais que le but n'est pas non plus que l'on ne reste pas nécessairement dans les habitudes mentales de tous les jours... (alors que j'ai l'impression que l'on peut malgré soi s'orienter vers cette facilité à chaque fois).

Anonyme a dit…

Observer globalement le corps/mental : comment naissent et meurent les sensations et les pensées, être dans une écoute sans intention, cela est la juste (non)méditation et il n'est pas obligatoire d'être assis pour cela. L'attention à la respiration en est simplement l'un des aspects.
La "concentration" sur la posture et le vide ou le retrait des sens (samadhi) sont des morceaux de sucre auxquels il est dangereux de s'attacher...

Méditer procure certes, une certaine énergie, mais en soi n'apporte pas la sagesse. Souvent, cela ne fait que renforcer l'égo de celui qui médite. Mais "qui" médite?

Bonne soirée,
Jean

proulx michel a dit…

Je ne crois pas que vous ayez entièrement raison. Mais vous écrivez bien ce que vous voulez...