jeudi 1 octobre 2009

Shinji Shôbôgenzô, le recueil des kôans de maître Dôgen

UN

Citation:

Un jour, maître Sekito Kisen rendit visite au maître Seigen Gyôshi du temple Jogo, sur le mont Seigen, dans le district de Ki. Maître Seigen lui demanda: D'où arrivez-vous?

Maître Sekito répondit: Du mont Sokei.

Maître Seigen (en empoignant son chasse-mouches) dit: Y a-t-il quelque chose de ce genre au mont Sokei?

Maître Sekito répondit: Non, pas au mont Sokei, ni même en Inde.

Maître Seigen dit: Vous n'avez jamais été en Inde, n'est-ce pas?

Maître Sekito répondit: Si j'allais en Inde, j'y trouverais un chasse-mouche tout comme le vôtre

Maître Seigen dit: Vous n'avez jamais été en Inde, vous devriez donc dire quelque chose en accord avec votre expérience.

Maître Sekito répondit: Le maître pourrait-il exprimer cela en deux ou trois mots concrets, au lieu de me laisser tout faire à moi, Kisen?

Maître Seigen dit: Ce n'est pas que je refuse de dire quelque chose pour vous, mais si je le faisais, vous ne seriez pas en mesure de toucher la cible par vous-même à l'avenir.



COMMENTAIRE de Nishijima rôshi

Maître Seigen Gyôshi était un disciple de maître Daikan Eno, le sixième patriarche de Chine, et Sekito Kisen devait devenir son disciple. Sekito arrivait du mont Sokei où avait vécu maître Daikan jusqu'à sa mort.Maître Seigen était assez fier de ses conférences sur le Bouddhisme et, en agitant son chasse-mouches, il demande à Sekito si les conférences du mont Sokei expliquaient le Bouddhisme aussi bien que les siennes. Le hossu, un chasse-mouches ornemental insigne des maîtres bouddhistes, est un symbole de la vérité bouddhique.
Dans sa réponse, maître Sekito se sert du hossu en tant que symbole concret des enseignements de maître Seigen. Il dit qu'il n'y nulle part d'enseignements qui soient tout à fait semblables à ceux de Seigen, ni là d'où il arrive, ni en Inde.
Maître Seigen fait remarquer que Sekito ne pouvait pas connaître l'Inde, vu qu'il n'y était jamais allé, mais Sekito rétorque qu'il est possible de trouver les mêmes enseignements en Inde, patrie du Bouddha.
Cependant, maître Seigen trouvait que cette réponse manquait de réalisme, et il dit que nous ne devrions parler qu'à partir de notre expérience personnelle.
Maître Sekito s'est senti un peu sans voix quant à une réponse satisfaisante, et a demandé au maître de l'aider.
Enfin, maître Seigen Gyôshi lui dit que cela lui serait facile, mais que le faire priverait Sekito de l'opportunité d'exprimer sa propre vérité.

La structure de l'histoire contient quatre points de vue différents. Le premier est le point de vue idéaliste ou intellectuel, représenté par la question de maître Seigen sur les conférences bouddhiques, symbolisées par le chasse-mouches.
Dans le second point de vue, Sekito considère les choses d'un point de vue matérialiste: le hossu --- le hossu physique réel que tient maître Seigen --- n'existe qu'à ce seul endroit, pas en Inde ni à Sokei.
Maître Seigen n'est pas satisfait et veut entendre quelque chose de plus réaliste. Il savait que Sekito n'avait jamais été en Inde, il lui demande donc de parler d'expérience, et pas de suppositions. Du point de vue ultime, maître Seigen savait que Sekito devrait apprendre comment exprimer sa propre vérité. C'était là quelque chose que personne ne pourrait faire à sa place.

1 commentaire:

Hezekiel a dit…

J'aime bien le commentaire fait par Nishijima, même si on pourrait presque dire que ce n'est pas encore tout à fait clair ! :-D