dimanche 16 août 2020

Le don, la gratuité, la générosité.

 En complément du précédent article, une petite bafouille sur le don.

Le don est la base de toute vie sociale. Une société ou tout serait systématiquement monnayé (tel que les néo-libéraux semblent vouloir nous la créer) serait tout simplement invivable. Don, contre don, reconnaissance, comme le fait observer J.C. Michéa sont indissociables de l'éthique sociale, mais tendent à se raréfier au fur et à mesure que l'on monte dans la hiérarchie de l'argent, tant le fait d'être riche donne l'impression d'entraîner de façon collatérale et presque systématique, la radinerie. 

Mais si cela est quelque chose que chacun peut aisément comprendre, il y a un petit détail que mon expérience personnelle m'a permis d'observer: c'est que donner peut se révéler relativement facile, tant cela apporte de valorisation sociale à la personne qui donne. C'est d'ailleurs ce qui peut rendre si odieuse la charité de certaines personnes, comme dans la chanson de Jacques Brel, "les Dames patronnesses" où l'une d'elle dit: "Ainsi j'ai dû rayer de ma liste, une pauvresse qui fréquentait un socialiste", ou les groupes religieux qui offrent une soupe populaire dans le but de recruter.

Mais recevoir! Je connais des personnes qui ont horreur de recevoir un cadeau, même si eux en font tout le temps. Or, cela et d'autres expériences plus douloureuses m'ont amené à constater qu'il faut, en fait, plus de générosité pour recevoir que pour donner.
Certes, il y a des cas où il vaut mieux refuser certains cadeaux empoisonnés, mais 

 

dans l'ensemble, si le cadeau ou le don est vraiment offert avec sincérité, j'observe qu'il faut plus de générosité pour l'accepter que pour le donner. 

Car recevoir un don implique la reconnaissance, l'obligation ("je suis votre obligé"), "merci" ("je suis à votre merci"), la grâce ("je vous en rends grâce). 

C'est même une des raisons pour lesquelles, dans le bouddhisme traditionnel, un moine ne remercie jamais les personnes qui lui font l'aumône de sa nourriture, car cela diminuerait le mérite de la personne qui fait le don. Un don qui est alors sans même la petite contrepartie de la démonstration de gratitude.

Faites-en vous-même l'expérience, la prochaine fois qu'on vous fera un cadeau. Essayez d'avoir de la gratitude, même si c'est une horreur achetée pour 2 euros que vous mettrez dans un placard pendant quelques années avant de pouvoir en disposer en toute sécurité.  Et essayez de voir cette gratitude comme de la générosité de votre part, et vous verrez comme tout change.

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