vendredi 27 août 2021

Bodaisatta shishôbô (les 4 vertus fondamentales du bodhisattva)

 Voici une bafouille que j'ai prononcée lors d'une sesshin en Belgique, la semaine dernière.

Après avoir lu aux participants un condensé du chapitre du Shôbôgenzô en question, j'ai ajouté les commentaires suivants:

Dôgen écrit:
"Les quatre éléments des relations sociales d'un bodhisattva. Le premier est le don, le second la parole bienveillante, le troisième est l'esprit secourable, le quatrième est la coopération."

Je commente ainsi:
Le don doit être gratuit. C'est-à-dire qu'il n'attend rien en retour. Néanmoins, il appelle et attend le contre-don et la gratitude. Ce qui peut paraître paradoxal: on doit donner sans rien attendre en retour, mais qui reçoit doit quand même donner en retour!

En fait, c'est que dans le grand jeu social du don et du contre-don, prendre sans rien donner en retour n'est que du parasitage. Dans toute société normale, les parasites finissent, un jour ou l'autre par le payer. Sinon, c'est toute la société qui finit par se déliter. En fait, ceux/celles qui prennent toujours sans jamais rien donner ne profitent jamais de ce qu'ils prennent, car pour eux, la valeur tient dans le prix qu'on paye pour les choses: les choses gratuites sont donc sans valeur.

En fait, il y a des gens qui sont contraints de changer constamment de cercle d'amis, voire de ville, à force de toujours vouloir prendre sans jamais rien rendre. Le don du Dharma, pour ces raisons, n'a de valeur qu'en fonction de ce qu'on donnera en échange.

Cela dit, on n'est pas obligé de  nécessairement rendre à qui a donné. Si votre voiture est en panne de batterie et que vous demandez l'aide de passants pour la pousser et la faire démarrer, vous ne serez jamais en mesure de leur rendre la pareille. Mais vous pouvez faire comme les Napolitains avec le "café suspendu". Cette institution consiste en ce qui suit: vous allez au café, et commandez un café. Vous en payez deux et dites que le second est "suspendu". Si un mendiant vient après vous, et s'enquiert de savoir s'il y en a un, on le lui donne. Ainsi, le don vole d'une personne à l'autre. 

Dôgen dit, dans ce chapitre, que même le travail rémunéré relève du don. Mais, de toute façon, la bonne attitude est de donner sans en attendre de retour. Evidemment, s'il n'y en a jamais, on peut arrêter de donner à ceux/celles qui prennent sans rien donner en retour. Mais il est bon de penser que ceux/celles à qui on a donné, peuvent à leur tour donner à d'autres. Il n'est pas essentiel que le contre-don ne profite qu'au donateur. En fait, il vaut mieux qu'il soit circulaire, et c'est ainsi que le don revient à celui qui l'a fait en premier. (L'oeuf ou la poule???)

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