vendredi 2 octobre 2009

Premier samedi du mois

Demain 3 octobre, premier samedi du mois.
Donc, pratique au 12 rue Doria à partir de 10 hres du matin.

On ne sera pas nombmreux...

jeudi 1 octobre 2009

Shinji Shôbôgenzô, le recueil des kôans de maître Dôgen

UN

Citation:

Un jour, maître Sekito Kisen rendit visite au maître Seigen Gyôshi du temple Jogo, sur le mont Seigen, dans le district de Ki. Maître Seigen lui demanda: D'où arrivez-vous?

Maître Sekito répondit: Du mont Sokei.

Maître Seigen (en empoignant son chasse-mouches) dit: Y a-t-il quelque chose de ce genre au mont Sokei?

Maître Sekito répondit: Non, pas au mont Sokei, ni même en Inde.

Maître Seigen dit: Vous n'avez jamais été en Inde, n'est-ce pas?

Maître Sekito répondit: Si j'allais en Inde, j'y trouverais un chasse-mouche tout comme le vôtre

Maître Seigen dit: Vous n'avez jamais été en Inde, vous devriez donc dire quelque chose en accord avec votre expérience.

Maître Sekito répondit: Le maître pourrait-il exprimer cela en deux ou trois mots concrets, au lieu de me laisser tout faire à moi, Kisen?

Maître Seigen dit: Ce n'est pas que je refuse de dire quelque chose pour vous, mais si je le faisais, vous ne seriez pas en mesure de toucher la cible par vous-même à l'avenir.



COMMENTAIRE de Nishijima rôshi

Maître Seigen Gyôshi était un disciple de maître Daikan Eno, le sixième patriarche de Chine, et Sekito Kisen devait devenir son disciple. Sekito arrivait du mont Sokei où avait vécu maître Daikan jusqu'à sa mort.Maître Seigen était assez fier de ses conférences sur le Bouddhisme et, en agitant son chasse-mouches, il demande à Sekito si les conférences du mont Sokei expliquaient le Bouddhisme aussi bien que les siennes. Le hossu, un chasse-mouches ornemental insigne des maîtres bouddhistes, est un symbole de la vérité bouddhique.
Dans sa réponse, maître Sekito se sert du hossu en tant que symbole concret des enseignements de maître Seigen. Il dit qu'il n'y nulle part d'enseignements qui soient tout à fait semblables à ceux de Seigen, ni là d'où il arrive, ni en Inde.
Maître Seigen fait remarquer que Sekito ne pouvait pas connaître l'Inde, vu qu'il n'y était jamais allé, mais Sekito rétorque qu'il est possible de trouver les mêmes enseignements en Inde, patrie du Bouddha.
Cependant, maître Seigen trouvait que cette réponse manquait de réalisme, et il dit que nous ne devrions parler qu'à partir de notre expérience personnelle.
Maître Sekito s'est senti un peu sans voix quant à une réponse satisfaisante, et a demandé au maître de l'aider.
Enfin, maître Seigen Gyôshi lui dit que cela lui serait facile, mais que le faire priverait Sekito de l'opportunité d'exprimer sa propre vérité.

La structure de l'histoire contient quatre points de vue différents. Le premier est le point de vue idéaliste ou intellectuel, représenté par la question de maître Seigen sur les conférences bouddhiques, symbolisées par le chasse-mouches.
Dans le second point de vue, Sekito considère les choses d'un point de vue matérialiste: le hossu --- le hossu physique réel que tient maître Seigen --- n'existe qu'à ce seul endroit, pas en Inde ni à Sokei.
Maître Seigen n'est pas satisfait et veut entendre quelque chose de plus réaliste. Il savait que Sekito n'avait jamais été en Inde, il lui demande donc de parler d'expérience, et pas de suppositions. Du point de vue ultime, maître Seigen savait que Sekito devrait apprendre comment exprimer sa propre vérité. C'était là quelque chose que personne ne pourrait faire à sa place.

lundi 28 septembre 2009

Dogen Sangha à Bordeaux

Un de mes amis, actuellement étudiant à Bordeaux, m'a proposé d'organiser un petit groupe d'étude et de pratique à Bordeaux, selon les enseignements de Nishijima rôshi.

S'il en est qui lisent de forum et qui pourraient être intéressés, qu'ils me le fassent savoir.

Merci

mxl

samedi 19 septembre 2009

Shinji Shôbôgenzô

N'ayant pas grand chose à raconter, je vais vous mettre en ligne des kôans du recueil de maître Dôgen, en commençant par les introductions de Michael Eido Luetchford et de Gudo Nishijima rôshi.

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Shôbôgenzô signifie "Le Trésor de l'Oeil droit du Dharma". Ne cherchez pas l'Oeil gauche... Plutôt, l'Oeil correct du Dharma... Bon, Shinji signifie "original (ou vrai) caractère (d'écriture)"., c'est-à-dire les caractères chinois dans lesquels le livre est écrit. On le connaît aussi comme "Shôbôgenzô en trois-cents histoires" et aussi Mana Shôbôgenzô, mana étant une lecture alternative à shinji.
Il s'agit d'une collection de trois cents un de ces mondo (questions-réponses, discussions) en chinois que l'on appelle habituellement koans, ces historiettes qui décrivent les conversations et les actions des anciens maîtres bouddhistes.

Compilés au XIII° siècle par maître Dôgen, le fondateur de l'école japonaise Sôtô du Bouddhisme zen, l'un des plus brillants philosophes de l'histoire du Japon, ces trois-cents un koans se répartissent en trois sections ou "livres", deux de cent kôans et l'un de cent-un. Au départ, son titre était simplement "Shôbôgenzô", tout comme l'oeuvre monumental de Dôgen en japonais, mais il semble qu'on ait ajouté "Shinji" par la suite, pour le distinguer de l'autre.

Ses origines sont assez obscures et sont encore un sujet de recherches universitaires. Longtemps, plusieurs siècles même, on a contesté l'attribution du recueil et de fait, jusqu'en 1934, la seule version disponible en était un commentaire par maître Shigetsu Ein daté aux environs de la moitié du XVII° siècle, Nentei Sambyakusoku Funogo. C'est alors qu'on fit une importante découverte dans les archives médiévales de Kanagawa, en 1934. On y trouva une copie de l'un des trois volumes du Shinji Shôbôgenzô, datée de 1288, ce qui démontrait que le livre existait peu de temps après le décès de maître Dôgen en 1253. De plus, les récits eux-mêmes ont une grande ressemblance avec leurs citations dans le Shôbôgenzô en japonais de maître Dôgen.

Aujourd'hui, la majorité des spécialistes du Bouddhisme se sont rangés à l'attribution à maître Dôgen. Sa date de compilation est toujours contestée, mais on a de fortes raisons de penser que maître Dôgen avait au moins commencé à le compiler dès son séjour au Kenninji, avant même son départ pour la Chine, peut-être en tant que documents de référence pour ses études.

Il existe plusieurs divergences sur les liens entre les textes d'époque Song d'où proviennent ces récits (y-compris le Keitoku Dentoroku, le Shumon Toyoshu, l'Engo Koroku, le Wanshi Goroku, etc.) ainsi que sur la nature de la relation entre les deux Shôbôgenzôs de maître Dôgen. Cependant, il semble évident qu'il s'est servi de cette collection de kôans comme source pour ses conférences et ses écrits. Alors que dans le Shinji Shôbôgenzô, ces kôans sont transcrits sans commentaire, dans son chef-d'oeuvre, le Shôbôgenzô en japonais, ainsi que dans le recueil de ses conférences, le Eihei Koroku, Dôgen fait constamment référence à plusieurs de ces récits : il les commente, les interprète et même les déconstruit et les reconstruit au gré de son propos didactique.

Le fait que maître Dôgen décrivait ces mondo comme kosoku (critères ancestraux) ou innen (causes et effets) est significatif : il ne les appelait pas des kôans. Il n'utilisait ce mot que pour signifier le Dharma ou l'Univers dans lequel nous vivons, comme dans le Shôbôgenzô Genjôkôan (L'Univers réalisé), usage qui diffère totalement de celui de l'école Rinzaï. Il s'en sert dans tous ses textes pour examiner et expliquer les enseignements bouddhistes ainsi que le système logique du Bouddhisme. Cependant, il reste important de noter que nulle part dans tout son oeuvre, maître Dôgen ne conseille de les utiliser au cours de la pratique de Zazen.

(D'après Michael Eido Luetchford et Jeremy Pearson).
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Toutes les idées de maître Dôgen sont exprimées selon une structure en quatre phases. Tout d'abord, il exprime un problème sous un angle idéaliste, autrement dit, une idée se servant de concepts abstraits. Immédiatement après, il explique le même problème, mais cette fois sous un angle objectif, ou matérialiste. Autrement dit, il donne des exemples concrets et des faits. Puis, dans un troisième temps, il exprime le problème sous l'angle d'un problème réel, c'est-à-dire sous celui de l'action.
Evidemment, il ne peut pas expliquer parfaitement la réalité du problème grâce à des mots dans un livre, mais il le fait en rapprochant le point de vue subjectif qu'il présente d'abord et le second point de vue objectif. Il en fait une synthèse qui est une évaluation réaliste basée sur la philosophie de l'action, qui dit que dans l'action, qui est une synthèse du soi et du monde extérieur. Et à la fin, il tente de suggérer la nature subtile et ineffable de la réalité elle-même en recourant à un discours symbolique, poétique ou figuratif.
Le Shôbôgenzô est rempli de ces explications à quatre temps. Même les chapitres peuvent se répartir selon ces quatre groupes: théorique, objectif, réaliste et figuratif/poétique. Le contenu des chapitres l'est de même et même souvent les paragraphes.
La lecture du Shôbôgenzô est difficile car il semble regorger de contradictions logiques. Mais cela est dû à cette utilisation en quatre étapes, car les points de vue subjectif et objectif sont toujours contradictoires, et une explication réaliste parait toujours contredire les deux précédents.

Ces histoires du Shinji Shôbôgenzô sont construites sur la même structure. Ce sont des histoires très réalistes, qui servaient à enseigner les principes fondamentaux du Bouddhisme. Elles n'ont rien de mystique ou d'incompréhensible: elles sont la façon qu'ont les maîtres de nous indiquer la réalité.

(D'après Gudô Nishijima rôshi)

mardi 1 septembre 2009

s'amuser à faire des étincelles avec du silex

L'autre jour, à Francfort, lors de la sesshin, Brad Warner a cité ce passage de maître Dôgen où celui-ci dissuade ses disciples de s'amuser à faire des étincelles avec des silex. Le silex étant cette variété de pierre qui équipe les briquets, ce qui permet d'enflammer la mèche (pour les briquets antiques et les zippo à essence) ou le gaz (pour les briquets modernes), il semble qu'au treizième siècle, certains trouvaient cette caractéristique assez étonnante pour s'en faire un jeu.

Quoique.

J'ai déjà vu des enfants s'amuser inlassablement à allumer un briquet, voire à faire des étincelles quand il n'y a plus de gaz...

La réflexion qui lui est venue, est qu'aujourd'hui, Dôgen dirait de ne pas s'amuser sur une console (playstation ou autre), en poursuivant sa réflexion sur le fait qu'après tout, dans une playstation, ce sont en définitive des étincelles qu'on retrouve derrière le fonctionnement de l'écran. Et comme le silicium tire justement son nom du silex qui est une pierre de silice, voilà la boucle bouclée.

Nos plus grandes distractions contemporaines (et je m'y inclus) sont des étincelles faites avec du silex!!! ...

Si nous sommes sérieux dans la pratique de la Voie, nous devons faire attention à ce problème. L'ordinateur, le téléphone portable, les consoles de jeu ne sont, au bout du compte que des étincelles faites avec du silex et nous sommes comme hypnotisés par elles, elles nous bouffent un temps fou, nous empêchent de faire notre travail, d'aller faire du sport, de faire un peu d'exercice, d'aller au spectacle, de lire de vrais livres (en papier avec des caractères imprimés et tout et tout!) et aussi de nous asseoir, ne fut-ce que 10 minables minutes face à un mur, face à nous mêmes. Ne pouvons-nous y réfléchir et voir que nous tendons à nous laisser asservir avec plus de solidité que par la plus lourde des chaînes?

Allez hop! Au zafu!

mercredi 12 août 2009

Dévotions

Bon, je contribue pas souvent, mais je me suis dit hier que je pourrais aborder ce sujet.

La démarche de base, lorsqu'on décide d' "être" bouddhiste, c'est la prise de refuge.
Dans certaines écoles, cela fait l'objet d'une cérémonie, d'autres sont moins contraignantes sur ce sujet. De quoi s'agit-il?

"Je prends refuge dans le Bouddha,
"Je prends refuge dans le Dharma,
"Je prends refuge dans le Sangha".

En prononçant ces refuges, on déclare (essentiellement à soi-même) qu'on prendra le Bouddha et de ses successeurs pour guides, qu'on mettra leurs enseignements en pratique, et qu'on s'appuiera sur l'ensemble de ceux et celles qui en font autant pour approfondir et développer sa pratique/étude.

Si j'écris ainsi "pratique/étude", c'est essentiellement parce que l'une ne peut aller sans l'autre.

Parfois, certains vont opposer à l'aspect religieux du Bouddhisme qu'il est une philosophie. C'est oublier ce qu'était la philosophie dans l'antiquité. Ce que nous, nous appelons philosophie, Robert M Pirsig l'appelle la "philosophologie". Nous n'apprenons jamais que le discours sur la philo: l'histoire de la philosophie, l'histoire de leurs penseurs, des éléments de leur pensée, mais ce n'est pas cela une philosophie.

Dans l'antiquité, lorsqu'on adhérait à une école philosophique, cela impliquait de se conformer aux règles et enseignements de cette école, dans sa vie de tous les jours. Chaque école avait ses règles de vie, et adhérer aux enseignements n'était pas qu'un jeu de l'esprit; c'était un engagement de tout l'être. En ce sens, on peut donc dire des philosophies de l'antiquité qu'elles étaient plus près de ce qu'on appelle "religion" que ce que nous, nous appelons "philosophie".

Cela dit, il convient aussi de se rappeler que l'Homme est un animal symbolique. Nous avons besoin de ce symbolique et tenter de l'éliminer ne fera que le faire revenir autrement. En ce sens, le Bouddhisme est une religion. Je rappelle toujours que ce mot, au contraire de l'étymologie si souvent avancée, mais qui est fausse, vient du verbe "religere", c'est-à-dire relire, et se réfère précisément à cette aspect rituel qui est justement ce qui porte le symbolique.

Maître Mokudô Taisen (Deshimaru) disait que les cérémonies, c'est du théâtre. Certes, mais ce serait aussi oublier la dimension religieuse du théâtre. Les tragédies de Sophocle, Euripide et autres étaient des cérémonies religieuses, ce qui ne laissera pas d'étonner ceux pour qui le théâtre n'est qu'un divertissement. Un mariage, c'est du théâtre. Des funérailles, c'est du théâtre (et pas du moindre!). Une remise de diplômes, c'est du théâtre: la preuve, il y a des pays (comme le nôtre) ou cela ne se fait pas.

C'est pour ces raisons que je continue à diriger des mini-cérémonies. Jusqu'ici ce ne furent que récitations du Sûtra du Coeur (http://www.youtube.com/watch?v=eFletFs5StE&feature=channel_page). Je n'ai pas encore eu l'occasion de conférer les préceptes, mais je suppose que cela viendra.

Ce qu'on peut reprocher à la Sôtôshu comme à l'AZI, ce n'est pas les cérémonies que ces associations pratiquent. C'est que ces cérémonies prennent trop de place par rapport à la pratique (de zazen) et à l'étude (des textes). Lorsque ce n'est plus que du "théâtre", on pourrait alors se contenter de comédiens. Si nous voulons avancer, il faudra bien réfléchir sur l'équilibre à respecter entre ces aspects.

Pour l'instant, je me contenterai donc de faire tous les matins sampai, comme tous les jours depuis septembre 2003.

dimanche 28 juin 2009

Renoncement

J'ai vu quelque chose, samedi qui m'a chagriné, si je puis dire.

Une dame que je connais, qui fréquente un autre enseignant zen depuis longtemps, se promène le crâne rasé, mais maquillée et affublée d'énormes boucles d'oreilles.

Que veut dire "se raser le crâne" pour un bonze bouddhiste? C'est le signe extérieur du renoncement. Du renoncement aux distinctions de sexe, de beauté, de séduction, du renoncement à l'envie d'être beau/belle, bref, une attitude d'acceptation sereine des choses telles qu'elles sont.

Que veut dire mettre du maquillage et des boucles d'oreilles voyantes? Que l'on n'a nullement renoncé à ces choses. Que veut dire "se raser le crâne" dans ces conditions? Ce n'est plus qu'un signe extérieur d'appartenance à un groupe social spécifique: "Regardez-moi: je suis une "zen"!"

Ce n'est plus du renoncement, c'est de l'exhibitionnisme...

Rappelez-vous, ceux que cela concerne ou intéresse: on ne doit se raser le crâne qu'à la pleine lune et à la nouvelle lune, et à la même occasion, renouveler ses voeux de respecter les préceptes, et se confesser d'avoir commis des erreurs.

Sinon, c'est pas la peine...