Je me demandais sur quel thème commencer ce blog, et il m'est venu à l'esprit que certains parlent du Zen comme s'il était autre chose que le Bouddhisme. Je voudrais réagir vigoureusement.
Le Zen n'est que l'une des nombreuses formes du Bouddhisme, aussi appelées "portes du Dharma". Cette séparation a été induite au cours du XX° siècle par certains enseignants que gênait, visiblement l'association des deux. Certains comme Karlfried, comte Dûrkheim, qui ne voulaient pas totalement larguer les amarres d'avec le Christianisme, d'autres comme Yasutani, le fondateur de la Sambo Kyodan, qui voulaient se libérer des contraintes pacifistes inhérentes à la doctrine du Bouddha (Yasutani était un militariste enragé) ou encore, plus près de nous, Taisen La Gendronnière, qui craignait qu'en enfermant son enseignement dans une étiquette "bouddhiste", il pourrait en limiter la portée.
Certes, le problème vient aussi de l'étiquette "Bouddhisme". En effet, elle renvoie naturellement à notre tendance à classer les doctrines dans de petites boites bien étanches les unes aux autres. Je pensais à cela aussi en lisant des nouvelles sur des procès qui ont été intentés en Grèce à une enseignante pour avoir mentionné le Bouddhisme à des enfants (visiblement, la Grèce a encore des progrès à faire en matière de liberté de culte...) Un chrétien ou un musulman auront naturellement tendance à penser en termes de conversion lorsqu'ils se réfèrent à l'enseignement du Bouddha. En effet, on ne peut devenir chrétien qu'en (pour reprendre une ancienne expression) "adorant ce que tu as brûlé et en brûlant ce que tu as adoré". Une adhésion au Christianisme passe nécessairement par un rejet radical des anciennes croyances. Il en va de même avec l'Islam. Reconnaître qu'il n'y a de dieu que dieu et que Mohammed est son prophète implique le rejet radical de toute autre croyance, y compris celle dans la "mère de Dieu", la Sainte Trinité et autres dogmes chrétiens (d'ailleurs pas partagés par tous ceux qui se réclament de cette étiquette. Si on est catholique et qu'on se convertit au protestantisme, ou vice versa, il y a également des dogmes, ces notions auxquelles il faut croire sans poser de questions, qu'il faut adopter ou rejeter.
Cela posé, il devient évident qu'il n'est pas possible de se "convertir" au Bouddhisme. Le Bouddha lui-même, interrogé à ce sujet, recommandait de ne pas croire quelque chose simplement parce que tout le monde le croit, parce que c'est la rumeur, la tradition, ni même parce que "notre maître nous l'a dit". Au contraire, il insiste que nous devons confronter les enseignements que nous recevons à la réalité, car c'est seulement ainsi qu'on pourra vérifier qu'ils sont justes, ou même que nous les avons compris correctement.
Un chrétien, un musulman, un vaudoun, ou n'importe quoi comme religion, pourra profiter des enseignements bouddhiques, sans pour autant devoir renoncer à ses croyances. En ce sens, le débat pour savoir si le Bouddhisme est une religion ou pas est faussé d'avance. Il ne l'est que pour ceux qui ont décidé que cela serait. Sinon, ce n'est qu'une philosophie, une psychologie, voire une technique de relaxation...
Alors, le Zen, bouddhiste ou pas? Il n'est guère besoin de creuser beaucoup pour constater que l'ensemble des textes zen font constamment référence au Bouddha, à ses enseignements et à ceux de ses successeurs. Les enseignants Zen se rangent traditionnellement dans une lignée, mythiquement reliée en droite ligne avec le Bouddha. Je suis moi-même numéro 81 dans une telle lignée. Il devient dès lors assez difficile de prétendre que le Zen n'a rien à voir avec le Bouddhisme, ou, comme je l'ai déjà entendu une fois, "au-delà du Bouddhisme". En ce sens, je ne me reconnais pas comme un au-delà-du-bouddhiste.
Mais les enseignements de Siddhartha Gautama sont tellement terre-à-terre, efficaces et incontournables, qu'il serait bien dommage de s'en priver. Le problème c'est que chaque génération tend à les figer dans une pose, et que, pour être vivants, il faut les extraire de cette pose. C'est ce que tous les maîtres ont tenté de faire depuis 25 siècles, et que, modestement, je voudrais continuer à faire.
vendredi 23 février 2007
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1 commentaire:
Premier commentaire.
Je regarde le mur, de couleur vert olive. Les rayons de soleil de début mars réchauffent le IMAC. Aucun diplôme officiellement estampillé des hautes sphères des confréries zen n'affiche GILLES RIVEST, DOCTEUR en Zennologie de l'Université du Québec à Montréal.
Je ne suis pas non plus bachelier en zazennologie de l'UQAM, ni détenteur d'un certificat d'études supérieures de l'Université Boudhiste Européenne.
Ceci dit, qu'est-ce que le zen? Qu'est-ce que la vraie nature de bouddha? Qu'est-ce le satori?
L'égo de Gilles Rivest aurait beaucoup de choses à dire plus ou moins savamment. Je répète à mon égo "tu pourras être perçu comme un sage le jour où tu sauras te fermer la gueule". Et l'égo de Gilles Rivest est piégé. Il aspire à grimper aux sommets de l'échelle de la sagesse. Donc, il se ferme la gueule. Je l'encourage en utilisant une métohde pédagoqieue efficace et je lui offre des bonbons zen. Je lui répète que s'il voit la vraie nature de bouddha dans un des bonbons zen, n'oublie pas de m'avertir. Mno égo savoure tous les bonbons offerts généreusement, à la recherche de la vérité.
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