dimanche 9 mars 2008

4 Nobles Vérités

On a l'habitude de traduire les Quatre Nobles Vérités selon le schéma suivant: "Noble Vérité de la Souffrance, Noble Vérité du Désir, Noble Vérité de la Cessation et Noble Vérité de l'Octuple Sentier". Ou bien, "Il y a la Souffrance, celle-ci est causée par le Désir; on peut mettre fin à la Souffrance en mettant fin au Désir; on y arrive grace au Noble Octuple Sentier".

Maître Nishijima trouve que cette présentation est trop pessimiste, et j'ai eu l'autre jour encore une occasion de le vérifier. Un de mes correspondants italiens, un vieux monsieur, écrivait:
"si même après toute cette pratique, il ne reste plus qu'à se rendre compte que l'Eveil, qu'ingénument je voyais, moi, comme une explosion de feux d'artifice qui te change d'un seul coup, n'est rien d'autre qu'une prise de conscience de la misérable, douloureuse, banale et vile réalité, et s'adapter pour la vivre dans une simple quoique non facile, ataraxie; où est passée la charge exaltante que j'avais vue dans le Dharma et qui m'avait incitée à le suivre?"

Ce monsieur avait donc une vision idyllique et idéaliste de l'Eveil, qui lui aurait permis de s'abstraire de ce qu'il voit la vie comme une punition.

Or, Nishijima insiste pour traduire comme suit les termes sanscrits de la formulation: Dhukkha Satya, la vérité de l'insatisfaction, qui est idéalisme. Samudaya Satya, la vérité de l'accumulation, qui est matérialisme. Nirodha Satya, la vérité de la cessation, qui est action, et Marga Satya, la vérité de la Voie, qui est réalité.

Vous remarquerez "accumulation" et non pas "désir". Pourquoi donc? Le désir, c'est la vie, et si le Bouddha avait voulu que nous cessions de vivre, il nous aurait recommandé de nous suicider, et l'aurait fait lui-même et on n'en parlerait plus. Non, il nous propose une façon de vivre qui nous permet d'éviter d'être malheureux. Mais qu'est-ce qui nous rend malheureux? Le schisme profond qu'il y a entre notre idéal, qui n'est que des connexions synaptiques dans notre cerveau, et la réalité sensible qui nous déplait tant. Ce n'est pas tant que nous "désirons" des choses: c'est que nous les accumulons. Meubles, objets, collections, argent, biens fonciers, immobiliers, terres, gloire, réputation, célébrité (très à la mode ces temps-ci), pouvoir, tout est prétexte à accumulation, comme si, en accumulant une ou plusieurs de ces choses, on assurait davantage son existence.

En déménageant, l'autre jour, j'ai dû me rendre compte que, ayant habité presque vingt ans dans le même appartement, j'avais accumulé (j'ai une grande réticence à jeter -- oh, ça pourra servir...) des quantités phénoménales de trucs inutiles, en particulier de la paperasse, mais pas seulement.

Lâcher prise, c'est aussi lâcher prise sur ces choses. Ce n'est pas que toutes ces choses soient en elles mêmes inutiles. Mais bon, on peut jeter.

Mxl

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