Le XX° siècle passé a été un siècle de soubresauts. La Grande Guerre et son immonde boucherie où, comme l'écrivait Brel dans "Jaurès", (les pauvres soldats allaient) "offrir aux Champs d'Horreur leurs vingt ans qui n'avaient pu naître," "aux ordres de quelques sabreurs qui (l')exigeaient du bout des lèvres", a été le résultat paroxystique de la vieille mentalité autoritaire et pyramidale, héritée de nos lointains ancêtres animaux sociaux et toujours d'actualité chez les loups, les rats et bien d'autres. La réaction immédiate de l'après-guerre, les "années folles", a aussi été une tentative de s'affranchir de ce "même" de l'autoritarisme.
Mais la liberté ne s'improvise pas si facilement, et les mêmes savent se défendre. D'où la montée du fascisme dans les années '30. La Libération, vu les dommages de la guerre, n'a pourtant pas pu être une libération de l'autoritarisme, juste de sa forme paroxystique, le fascisme.
C'est ainsi qu'avril et mai 1968.
Mais, comme je l'observais déjà à l'époque, les autoritaires ne sont jamais loin, lorsqu'une vacance de pouvoir se déclare. Et ils savent très bien se déguiser sous le discours de la liberté. Dès 1973, avec le coup d'état du Chili, ils se sont mis à l'oeuvre à l'Ouest (alors que leurs collègues "communistes" de l'Est venaient de régler le problème tchèque dans les mêmes termes) et leur idéologie n'a cessé de s'imposer depuis jusqu'à la situation actuelle, où ce qu'on appelle "la gauche" n'a rien à proposer d'autre qu'une autre forme d'autoritarisme.
C'est sans doute pour cela qu'on les entend si peu à propos de la Chine et du Tibet.
Mais toute l'évolution de l'Humanité a été ponctuée d'un pareil parcours en accordéon. Toutes les avancées de l'Humanité se sont faite par l'entraide, la coopération, le mutualisme. Ces choses sont basées sur le don gratuit. Rien qui puisse intéresser un néo-libéral. Comment? Des gens sont prêts à saboter la liberté d'arnaquer son prochain en donnant librement ce qui pourrait être vendu? La voilà la subversion!
Le principe coopératif ne se retrouve que chez les animaux les plus évolués: grands singes, éléphants, cétacés. En tant que grands singes, nous avons poussé ce principe encore plus loin. Il permet de tempérer les effets contre-productifs d'une hiérarchie trop rigide (voir le principe du mouton de Panurge où, si le chef fait une grosse bêtise, tout le monde suit le chef). Il permet d'améliorer son propre bien-être en améliorant celui de tous. Il permet de vivre plus serein parce qu'un monde fondé sur la confiance et le don est moins stressant qu'un monde de méfiance et d'arnaque. Il y a des cultures, y-compris parmi nous, où arnaquer son meilleur ami est une espèce de sport, mais les gens qui en participent ne me frappent pas comme faisant preuve d'un très grand équilibre psychique.
Etre généreux n'est guère évident, cela nécessite même souvent un grand effort sur soi-même, du même ordre que celui qui consisterait à ne pas bouger alors qu'on est en danger de mort. Mais il nous permet de vivre mieux et plus heureux.
jeudi 10 avril 2008
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1 commentaire:
Je ne suis pas certain qu'être généreux doit être un grand effort. Il me semble que ce doit être spontané, tout simplement, et sans attente. S'il y a de l'effort là-dedans, alors il peut y avoir du calcul aussi.
Mais bon, ça se discute !
Jean
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