Je me suis fait rabrouer sur un forum italien parce que j'ai dit que le Bouddha avait nié la réincarnation. Evidemment, si l'administrateur du forum est un dévot "tibétain", il ne faut pas s'en étonner. Néanmoins, je trouve que cela appelle quelques remarques.
Dans le Brahmajala Sutta (Majjhima Nikaya 38), le Bouddha expose comment des ascètes qui ont pourtant de l'expérience et de la bouteille peuvent se tromper lourdement sur la signification de leurs "visions". Du genre de celle que Brad Warner expose dans son premier livre, où il voit se dérouler sous ses yeux tout le processus de contraction et d'expansion de l'Univers.
C'est là que le Bouddha expose comment un dieu, étant le premier à apparaître dans son "palais" peut en arriver à croire être le tout premier d'entre les dieux (voire le seul!). Il y expose aussi les doctrines éternalistes et annihilationnistes. Ces doctrines sont, respectivement, celle qui prétend qu'il existe à chaque être une "essence" permanente et inaltérable (ce que les Chrétiens et autres appellent "l'âme"), et qui, dans l'hindouïsme voyage de corps en corps, ce qu'on appelle la "transmigration des âmes" ou "réincarnation". L'autre étant qu'à l'opposé, à la mort, à la dissolution du corps, l'esprit disparaît lui aussi.
Ce qui est exposé dans les suttas, c'est que le "karma" de chaque être, à cause de sa peur panique de disparaître à tout jamais, est projeté sur un nouveau-né, nouveau-né qui aura le souvenir de la vie de quelqu'un d'autre, pourra éventuellement croire avoir été ce quelqu'un d'autre, et verra sa vie influencée par ce souvenir.
Ce que je puis en dire, à part ce qu'on peut lire dans les sutras, c'est que rien ne permet d'affirmer ou d'infirmer ces choses. On n'a jamais vu personne revenir pour nous dire ce qui en est, et il me paraît que si c'était possible, qui empêcherait quelqu'un d'apparaître à la télé quelque temps après sa mort (qu'est-ce qui empêcherait une telle personne de pirater les ondes???) pour annoncer à l'humanité ce qui en est de son futur après la mort...
Autrement dit, dans tous les cas de figure, on en est au strict niveau des spéculations, et qui plus est, des spéculations oiseuses. C'est bien pour cette raison que tous les maîtres zen ont toujours eu tendance à s'agacer des questions sur la réincarnation ou renaissance, comme on voudra. On a déjà tant à faire ici et maintenant, et il faudrait se prendre la tête sur des histoires de transmigration? Alors, le truc de la renaissance, comme je l'ai exposé ci-dessus, passe encore, mais franchement, la transmigration d'une âme inaltérable, cela me paraît illogique à partir du moment où on postule l'unité du corps et de l'esprit.
Quand en plus on sait l'usage particulièrement politique (et pas toujours de façon "noble") qui a été fait (et se fait toujours) au Tibet et dans les milieux tibétains de ces histoires, il me semble qu'on pourrait en revenir un peu. D'ailleurs, il me semble que le Dalaï-Lama commence à en voir les possibilités perverses sur lesquelles lorgnent les Chinois.
Alors, pourquoi ne pas cesser de délirer?
jeudi 30 avril 2009
dimanche 19 avril 2009
Le moi, la conscience et la spiritualité
Je suis paresseux et pas très inventif en matière de blog, et je puise volontiers ailleurs. Voici ce qu'un correspondant du blog de Brad Warner écrivait l'autre jour, en gros:
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... La spiritualité est ce vers quoi tend Brad. A savoir, la conscience est-elle notre "propre" expérience individuelle ou bien une portion d'une expérience à plus grande échelle dont nous ne serions qu'une toute petite partie?
Selon certaines traditions hindouïstes, nous faisons partie, maintenant et à tout jamais, d'une seule substance. La conscience serait alors un état dans lequel (comme dans l'océan) des bulles surgissent, séparant ainsi une partie de l'eau du reste (les parties séparées étant le moi comme dans les individus). Lorsque ces "bulles de vie" éclatent, nous ne faisons plus qu'un avec la substance unique (un océan de ~ eau).
Cette théorie fonctionne bien avec les boucles de Planck, dans lesquelles l'entièreté du tissu de l'espace-temps est une sorte de maille en 3D de boucles entrelacées. Si les mailles étaient étires dans toutes les directions, on n'aurait aucune masse perceptible. L'espace-temps serait immense et froid. Par contre, si la maille était comprimée en une seule boucle (1 x 10^-33 cm), on ferait alors l'expérience de la "singularité". L'espace-temps serait microscopique et chaud.
Tout comme un "slinky", ces chenilles-jouet construites autour d'un ressort hélicoïdal, cet espace-temps s'étire, puis se contracte, avant de s'étirer à nouveau, et ce, éternellement (sans commencement ni fin).
C'est ainsi que les concepts comme "vous et moi", "nous et eux", et "ceci et cela" sont absolument et totalement insignifiants, en fin de compte. Ce sont des fictions grammaticales.
Mais il est malgré tout inutile d'invoquer la physique quantique pour expliquer le "non-soi" (l'interdépendance) Prenons ce qui nous appartient. Existe-t-il un quelconque test scientifique des propriétés physiques de cet objet qui pourrait démontrer qu'il est à nous? Non, car la propriété n'est qu'un concept légal. Cela s'applique à tout le reste, y-compris le corps physique. Il ne nous appartient nullement, en réalité et s'il n'est pas à nous, comment pourrait-il être nous? Il n'y a donc pas de moi, et ce moi n'est rien d'autre qu'un concept. Fort utile au demeurant, mais conceptuel néanmoins.
Certes, quoi que soit ce qui me donne cette impression de moi, elle doit dépendre de mon corps, car c'est lui qui se situe dans l'espace-temps. Mais s'il était réellement "à moi", je pourrais lui interdire de vieillir, de se détériorer, de grossir et de tomber malade. Il ne fait rien de ces choses que "je" voudrais qu'il fasse. Donc...
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... La spiritualité est ce vers quoi tend Brad. A savoir, la conscience est-elle notre "propre" expérience individuelle ou bien une portion d'une expérience à plus grande échelle dont nous ne serions qu'une toute petite partie?
Selon certaines traditions hindouïstes, nous faisons partie, maintenant et à tout jamais, d'une seule substance. La conscience serait alors un état dans lequel (comme dans l'océan) des bulles surgissent, séparant ainsi une partie de l'eau du reste (les parties séparées étant le moi comme dans les individus). Lorsque ces "bulles de vie" éclatent, nous ne faisons plus qu'un avec la substance unique (un océan de ~ eau).
Cette théorie fonctionne bien avec les boucles de Planck, dans lesquelles l'entièreté du tissu de l'espace-temps est une sorte de maille en 3D de boucles entrelacées. Si les mailles étaient étires dans toutes les directions, on n'aurait aucune masse perceptible. L'espace-temps serait immense et froid. Par contre, si la maille était comprimée en une seule boucle (1 x 10^-33 cm), on ferait alors l'expérience de la "singularité". L'espace-temps serait microscopique et chaud.
Tout comme un "slinky", ces chenilles-jouet construites autour d'un ressort hélicoïdal, cet espace-temps s'étire, puis se contracte, avant de s'étirer à nouveau, et ce, éternellement (sans commencement ni fin).
C'est ainsi que les concepts comme "vous et moi", "nous et eux", et "ceci et cela" sont absolument et totalement insignifiants, en fin de compte. Ce sont des fictions grammaticales.
Mais il est malgré tout inutile d'invoquer la physique quantique pour expliquer le "non-soi" (l'interdépendance) Prenons ce qui nous appartient. Existe-t-il un quelconque test scientifique des propriétés physiques de cet objet qui pourrait démontrer qu'il est à nous? Non, car la propriété n'est qu'un concept légal. Cela s'applique à tout le reste, y-compris le corps physique. Il ne nous appartient nullement, en réalité et s'il n'est pas à nous, comment pourrait-il être nous? Il n'y a donc pas de moi, et ce moi n'est rien d'autre qu'un concept. Fort utile au demeurant, mais conceptuel néanmoins.
Certes, quoi que soit ce qui me donne cette impression de moi, elle doit dépendre de mon corps, car c'est lui qui se situe dans l'espace-temps. Mais s'il était réellement "à moi", je pourrais lui interdire de vieillir, de se détériorer, de grossir et de tomber malade. Il ne fait rien de ces choses que "je" voudrais qu'il fasse. Donc...
dimanche 15 mars 2009
Cérémonies
Ce matin, des visiteurs m'ont interrogé sur les cérémonies. Maître Mokudô Taisen disait que les cérémonies, c'est du théâtre, et il avait bien raison. Mais le théâtre est religieux dans son essence même. Les pièces de Sophocle, d'Euripide, d'Eschyle étaient des cérémonies religieuses. Les cérémonies ne servent à rien mais, encore, maître Shômon Kôdô disait que "Zazen ne sert à rien".
La pratique se suffit à elle-même, mais, pour de nombreux pratiquants, les cérémonies permettent de créer du lien. En ce sens, elles ont donc leur importance. Il faut simplement voir à ce qu'elles n'occupent pas toute la place.
La récitation du Sûtra du Coeur (de préférence en langue vernaculaire) clôture bien une séance de zazen. Si elle se fait en français, elle permet de mémoriser les données essentielles du Bouddhisme. (Si elle ne se fait qu'en chinois shanghaïen du XIII° siècle, cet aspect passe un peu à la trappe). La dédicace universelle ("Que ces mérites qui se répandent en tous lieux éteignent le feu de la souffrance et nous permettent avec tous les êtres de réaliser la Voie du Bouddha")* sert aussi très bien ce propos.
Mais une cérémonie trop oubliée me paraît essentielle: c'est la seule qu'ait instituée le Bouddha de son vivant: la cérémonie du Repentir. On commence par la formule "Les torts que j'ai commis par le passé étaient le résultat de l'ignorance, de l'avidité et de l'aversion éternelles. Ils étaient le produit du corps, de la parole et de l'esprit. Aujourd'hui je m'en confesse et je m'en repents".** Ensuite, on répète les voeux qu'on a pris au moment de la prise des préceptes.
Il me semble bien plus logique de faire ainsi et de ne pas se laisser prendre au piège des belles formules en langue ésotérique que personne ne comprend.
Certes, il y a des gens qui se régalent de ne pas comprendre. Mais si l'on veut que la Voie bouddhiste soit une voie de la libération et non pas l'une des innombrables voies de l'asservissement, il est important de se rappeler souvent ce qu'est l'éthique.
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* Ceux qui fréquentent des dojos zen l'ont peut être entendue sous cette forme: "negawaku wa, kono kudoku wo motte, amaneku issai ni oyoboshi warera to shujo to mina to mo ni, butsudo wo jozen koto wo."
** La formule japonaise est: ga shaku sho zo sho aku go, kai yu mu shi ton jin chi, jushin ku i shi sho sho; issai ga kon kai sange."
La pratique se suffit à elle-même, mais, pour de nombreux pratiquants, les cérémonies permettent de créer du lien. En ce sens, elles ont donc leur importance. Il faut simplement voir à ce qu'elles n'occupent pas toute la place.
La récitation du Sûtra du Coeur (de préférence en langue vernaculaire) clôture bien une séance de zazen. Si elle se fait en français, elle permet de mémoriser les données essentielles du Bouddhisme. (Si elle ne se fait qu'en chinois shanghaïen du XIII° siècle, cet aspect passe un peu à la trappe). La dédicace universelle ("Que ces mérites qui se répandent en tous lieux éteignent le feu de la souffrance et nous permettent avec tous les êtres de réaliser la Voie du Bouddha")* sert aussi très bien ce propos.
Mais une cérémonie trop oubliée me paraît essentielle: c'est la seule qu'ait instituée le Bouddha de son vivant: la cérémonie du Repentir. On commence par la formule "Les torts que j'ai commis par le passé étaient le résultat de l'ignorance, de l'avidité et de l'aversion éternelles. Ils étaient le produit du corps, de la parole et de l'esprit. Aujourd'hui je m'en confesse et je m'en repents".** Ensuite, on répète les voeux qu'on a pris au moment de la prise des préceptes.
Il me semble bien plus logique de faire ainsi et de ne pas se laisser prendre au piège des belles formules en langue ésotérique que personne ne comprend.
Certes, il y a des gens qui se régalent de ne pas comprendre. Mais si l'on veut que la Voie bouddhiste soit une voie de la libération et non pas l'une des innombrables voies de l'asservissement, il est important de se rappeler souvent ce qu'est l'éthique.
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* Ceux qui fréquentent des dojos zen l'ont peut être entendue sous cette forme: "negawaku wa, kono kudoku wo motte, amaneku issai ni oyoboshi warera to shujo to mina to mo ni, butsudo wo jozen koto wo."
** La formule japonaise est: ga shaku sho zo sho aku go, kai yu mu shi ton jin chi, jushin ku i shi sho sho; issai ga kon kai sange."
jeudi 5 mars 2009
La raison pour s'asseoir
Je viens de lire un truc de Brad Warner qui m'interpelle. Alors je vous le traduis ici. Il écrit que la raison pour s'asseoir comme nous le faisons en zazen, c'est de pratiquer la stabilité. Si on s'est jamais trouvé sur un bateau par mauvais temps, on sait combien c'est bon de retrouver la terre ferme. Ce n'est pas qu'une sensation physique. La stabilité nous calme les nerfs. Des gens paient cher pour aller sur les manèges et se faire tourner dans tous les sens pour ressentir de la désorientation et de l'instabilité.
Zazen est la posture suprême de la stabilité. C'est la pratique réelle de la stabilité. C'est pour cela qu'elle est si absolument cruciale. Et je ne parle pas de la torsion des jambes, même si le lotus complet paraît être effectivement plus stable que les autres postures, si on y arrive. Mais c'est le fait de s'asseoir sur un coussin en se servant de ses genoux pour former un trépied et maintenir la colonne vertébrale droite de sorte qu'elle se balance en équilibre sur les hanches. C'est une posture qui permet de se sentir stable physiquement et mentalement dans une mesure qu'aucune autre posture ne permet.
Samedi le 7, matinée de zazen au 12 rue Doria, à partir de 10 heures.
Zazen est la posture suprême de la stabilité. C'est la pratique réelle de la stabilité. C'est pour cela qu'elle est si absolument cruciale. Et je ne parle pas de la torsion des jambes, même si le lotus complet paraît être effectivement plus stable que les autres postures, si on y arrive. Mais c'est le fait de s'asseoir sur un coussin en se servant de ses genoux pour former un trépied et maintenir la colonne vertébrale droite de sorte qu'elle se balance en équilibre sur les hanches. C'est une posture qui permet de se sentir stable physiquement et mentalement dans une mesure qu'aucune autre posture ne permet.
Samedi le 7, matinée de zazen au 12 rue Doria, à partir de 10 heures.
lundi 16 février 2009
Modifications
Bonjour
Je viens d'effectuer une modification. Ceux qui arrivent ici en provenance de mon site pourront y retourner en cliquant sur l'adresse "Un Zen méridional".
Ainsi, si j'ai quelque chose à dire (!!!) cela sera relié à mon site.
J'ai aussi résolu de fixer une date pour le samedi mensuel: ce sera toujours le premier samedi du mois. Comme ça, les rares personnes intéressées n'auront pas à jongler avec les dates.
Je viens d'effectuer une modification. Ceux qui arrivent ici en provenance de mon site pourront y retourner en cliquant sur l'adresse "Un Zen méridional".
Ainsi, si j'ai quelque chose à dire (!!!) cela sera relié à mon site.
J'ai aussi résolu de fixer une date pour le samedi mensuel: ce sera toujours le premier samedi du mois. Comme ça, les rares personnes intéressées n'auront pas à jongler avec les dates.
jeudi 12 février 2009
Matinée de zazen
Un message vite fait (dont je me demande qui le lit!!!)
Samedi matin, le 14 février, matinée de zazen à partir de 10 hres (arriver 10 min avant) au 12 rue Doria, 34000 Montpellier.
Samedi matin, le 14 février, matinée de zazen à partir de 10 hres (arriver 10 min avant) au 12 rue Doria, 34000 Montpellier.
vendredi 9 janvier 2009
Bonne année
Bonne année à tous, et meilleurs voeux, même et surtout si les perspectives s'annoncent plutôt sombres.
Nous avons repris nos pratiques hebdomadaires le jeudi soir à 19hres 30, au 12 de la rue Doria, près des Arceaux à Montpellier.
Il y aura une matinée de pratique le samedi 17 janvier, chez Philippe (me contacter pour tout renseignement) et une journée de zazen ici (12 rue Doria) le 31 janvier.
Il semble que, dans certains groupes, on tende à considérer que fréquenter le dojo un enseignant quelconque ait valeur d'engagement envers le dit enseignant. Avec pour effet que les membres d'un dojo tendent à considérer les autres avec suspicion, s'ils ne sont pas de leur chapelle.
Je tiens pour cela à rappeler à tous qu'avant de se choisir un enseignant, la tradition veut qu'on en fréquente beaucoup. C'est important pour ne pas se fourvoyer. A cet égard, je n'ai aucune prétention et je ne voudrais pas, comme je le disais à quelqu'un hier, qu'on en vienne à croire une telle chose à mon propos. Soyez donc circonspects. On fréquente un groupe ou un dojo pour des raisons de proximité géographique, le plus souvent: cela ne doit pas devenir une entrave.
Mxl
Nous avons repris nos pratiques hebdomadaires le jeudi soir à 19hres 30, au 12 de la rue Doria, près des Arceaux à Montpellier.
Il y aura une matinée de pratique le samedi 17 janvier, chez Philippe (me contacter pour tout renseignement) et une journée de zazen ici (12 rue Doria) le 31 janvier.
Il semble que, dans certains groupes, on tende à considérer que fréquenter le dojo un enseignant quelconque ait valeur d'engagement envers le dit enseignant. Avec pour effet que les membres d'un dojo tendent à considérer les autres avec suspicion, s'ils ne sont pas de leur chapelle.
Je tiens pour cela à rappeler à tous qu'avant de se choisir un enseignant, la tradition veut qu'on en fréquente beaucoup. C'est important pour ne pas se fourvoyer. A cet égard, je n'ai aucune prétention et je ne voudrais pas, comme je le disais à quelqu'un hier, qu'on en vienne à croire une telle chose à mon propos. Soyez donc circonspects. On fréquente un groupe ou un dojo pour des raisons de proximité géographique, le plus souvent: cela ne doit pas devenir une entrave.
Mxl
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