jeudi 25 mars 2010

Le recueil de kôans de maître Dôgen

DOUZE

Maître Tôzan Ryôkai du district d'In prêcha à l'assemblée: Quand nous avons compris par expérience ce que sont les bouddhas ascendants, alors nous pouvons nous parler.
Un moine demanda alors: De quelle sorte de "parler" s'agirait-il ?
Tôzan Ryôkai répondit: Par exemple, quand un moine parle, il ne peut pas écouter.
Le moine rétorqua: Pouvez-vous écouter, dans ces circonstances, maître?
Tôzan répondit: Quand je ne parle pas, je puis écouter.


Commentaire de maître Nishijima:

Une fois qu'ils ont réalisé la vérité, les gens poursuivent leur pratique bouddhiste habituelle ainsi que les tâches de leur vie quotidienne. C'est ce que signifie l'expression "bouddhas ascendants".

Maître Tôzan voulait exprimer ou démontrer les bouddhas ascendants à ses disciples. Le moine était intéressé par la nature des discussions qui auraient lieu après qu'ils auraient eux-mêmes fait l'expérience de l'état de bouddha ascendant.

Il croyait qu'une telle discussion entre bouddhas devrait forcément être très sublime et mystique. Mais le maître l'a libéré de cette idée fausse. Ce ne sont que discussions ordinaires, a-t-il dit. "Lorsqu'un moine parle, il ne peut pas écouter." Quoi de plus ordinaire et pratique?!

Cependant, le moine s'est dit que le maître, de par sa profonde sagesse, ne devait sûrement pas être limité par des aspects aussi ordinaires. Encore une fois, maître Tôzan lui dit simplement: "Quand je ne parle pas, je puis écouter." Rien d'étrange ou de mystérieux, ici. Il en va de même dans la vie d'un bouddha ascendant. C'est simple, ordinaire et direct, mais les gens aiment tellement se donner des images ou des idoles qu'ils puissent vénérer, plutôt que de poursuivre leur propre pratique, qui peut parfois paraître trop ennuyeuse et ordinaire.

Cette histoire est un seau d'eau froide pour ceux qui se sont laissés intoxiquer par une vision romantique du Zen.

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