jeudi 18 mars 2010

Le recueil de kôans de maître Dôgen

SEPT

Maître Beiko de la ville de Keicho dit à un moine d'aller poser la question suivante à maître Kyozan Ejaku : Est-ce qu'un homme qui vit dans l'instant présent a besoin de l'Eveil ou pas?

Maître Kyozan Ejaku répondit: Il serait faux de dire qu'il n'y a pas d'Eveil, mais je ne puis éviter de tomber dans la conscience duelle.

De retour auprès de maître Beiko, le moine rapporta ce que maître Kyozan avait dit.

Maître Beiko confirma vigoureusement les paroles de maître Kyozan.

Citation:
Commentaire de Nishijima rôshi

"Tomber dans la conscience duelle" signifie entrer dans l'état où notre conscience est divisée. Dans cet état, il y a un "je" qui regarde, que certains kôans appellent la "seconde personne". Il s'agit là du mode sujet-objet d'être au monde, qui est, de par sa nature propre, partiel; il ne recouvre pas la totalité de la réalité. Lorsque nous agissons, notre conscience s'unifie et nous cessons de percevoir la séparation entre sujet et objet.

Maître Kyozan dit que, même s'il ne peut nier qu'il existe pour lui un état d'éveil, il est tout aussi vrai que parfois il retombe dans une façon divisée de considérer le monde. Il s'agit là d'une réponse très réaliste et honnête. La vue idéaliste est que l'Eveil est soudain et complet. Qu'une fois que nous aurions gagné le grand prix spirituel de l'Eveil, nous deviendrions des surhommes spirituels ou des dieux, plus jamais troublés par les minables préoccupations de l'existence. Mais maître Kyozan soutient que, même si parfois nous faisons l'expérience de l'état d'éveil, il arrive aussi que notre conscience soit divisée.

8 commentaires:

proulx michel a dit…

C'est bien pour cela qu'il ne faut pas le rechercher.
C'est comme si on est dans une pièce obscure. On ne sait pas où on est, et on se lève à tâtons pour trouver l'interrupteur. Lorsqu'on l'a trouvé, la lumière peut bien se réteindre, on saura où aller chercher l'interrupteur.

Blutack a dit…

Je me rends compte que dans mon énervement je me suis laissé abuser par ton blabla et que du coup j'ai oublier de préciser que tu n'avais pas répondu à ma question.
A savoir quel intérêt de RECHERCHER l'éveil si il est impermanent ?
Et au passage de sous-ligner que prétendre cela est en contradiction avec les autres écoles bouddhistes.
Cela n'a jamais choqué personne que l'éveil insurpassable soit rabaisser à un vague état de conscience qui va et vient à sa guise.
Encore une fois si ce n'est que ça, des moyens de créer des états de conscience, yen a plein, de la télé aux drogues en passant par la musique ou la méditation.
Je comprends mieux maintenant, en effet de ce point de vue là tous ce vaux :(

Damien a dit…

Blutack, faut pas aller loin pour lire les 3 caractéristique de l'existence dans le Bouddhisme et que l'une d'entre elle s'avère être l'impermanence - tout est constamment changeant et on ne peut trouver une permanence dans aucun phénomène.
Si bouddha avait donné une doctrine en mettant en avant que paradoxalement il existe un état d'éveil permanent qui échappe à ça, je l'aurais traité de Schizophrène ! :-D

Quel est l'intérêt de rechercher l'éveil si il n'est pas permanent ?!
Quel est l'intérêt de voir que ce que l'on désir et recherche n'est pas permanent ? :-D

Enfin je pense que tu devrais relire attentivement le commentaire de Michel et ne pas t'emporter dans ce que tu as envie d'en comprendre et les concepts que tu projètes... Il n'a pas dis qu'il n'y a pas d'interrupteur, il a mentionné qu'il était plus facile de le retrouver une fois la lumière de nouveau éteinte ;-)

Cordialement,

Damien a dit…

"c'est justement par définition..."
Il faut juste que tu sortes de toutes ces conceptions et définitions je crois !

Personne ne dit ce qu'est le nirvana. La dernière des 4 nobles vérités exprime que le chemin vers la cessation de la souffrance est l'Octuple sentier et la pratique de celui-ci. Donc la pratique d'une vie.

Qu'est ce qu'on cherche ? La fin de la souffrance peut être une raison au départ mais c'est une idée qui s'efface avec la pratique. Paradoxalement, il faut abandonner ses pré-conceptions pour voir ou la pratique mène, c'est souvent ce qui arrive lors d'une première pratique, cela ne ressemble à rien de ce à quoi on s'attendait.

Au fait, de ton état duel actuel, comment pourrais-tu saisir l'essence d'une chose non-duelle ? :-D

Le Zen est agaçant car il n'est jamais complaisant par rapport aux conceptions et a-priori des gens, il ne fournit pas de réponses toutes faites et cela peut avoir un effet frustrant. La recommandation essentielle se limite parfois à une chose simple : la pratique.

Bien à toi,

proulx michel a dit…

Ce que tu me parais postuler, c'est que l'éveil est un truc qu'on peut obtenir. Donc, effectivement, une fois qu'on l'a eu, cela voudrait dire qu'on peut le mettre sur le manteau de la cheminée et le faire admirer à tout le monde.

Ce que dit ce kôan, ce qu'en dit la glose de Nishijima, et aussi mon expérience, c'est que l'éveil est une entité discrète: un point de passage, similaire à l'instant présent. Il y a le temps avant l'éveil et le temps après, mais cet état demande d'être entretenu. D'où la nécessité de pratiquer zazen jusqu'à la fin de sa vie, qu'a pratiquée le Bouddha et que pratique Nishijima et que je pratiquerai aussi (je crois).

Si, une fois le passage effectué, on ne l'entretient pas, on retombe progressivement dans les vieilles habitudes jusqu'au jour où c'est tout à fait comme si cela ne s'était jamais produit. Et comme c'est un état qui dépend de la bonne concentration et donc d'un état d'équilibre psycho-physique très particulier, il est évident que plus on entretient cette capacité, plus elle se présente facilement. Mais les circonstances de la vie étant ce qu'elles sont, pour un être humain ordinaire, eh bien, cela veut dire que même pour une personne éveillée, il est possible de la choper dans des moments où c'est malgré tout pas tout à fait cela.

Je suis intimement persuadé que croire le contraire, c'est croire à un mythe, et croire à un mythe, c'est ouvrir la porte aux engannes. Parce que celui/celle qui va vouloir t'enganner, que fera-t-elle? Elle te donnera exactement ce que tu veux voir et entendre.

Il y en a plein qui y arrivent très bien.

proulx michel a dit…

J'ai jamais parlé de passer la vie en zazen. Matin et soir, ça suffit. Ça équilibre le système nerveux autonome, et ça se reflète dans le reste de la vie de tous les jours.

Damien a dit…

La norme dans le bouddhisme ? Au moins j'ai appris quelque chose aujourd'hui. Qu'il y a une norme dans le bouddhisme ! ^_^

Pourquoi Zazen ? Chacun s'oriente vers une pratique selon son vécu, ses expériences, ses rencontres et qualités qui lui sont propres, une pratique qui lui convient, non ?

Moi par contre je suis curieux et je voulais savoir.
As-tu déjà pratiqué Blutack ? D'où vient ton intérêt et toutes ces questions pour le Zen ?

Cordialement,

Damien a dit…

Justement, les éléments que tu mets en avant m'apparaissent similaires aux personnes qui n'ont pas expérimenté/pratiqué zazen et qui veulent avoir la réponse avant, un peu comme si l'on se renseignait avant d'acheter quelque chose ou de s'engager à signer un contrat.

Malheureusement, personne ne pourra t'apporter cette réponse à part toi-même. D'où le fait de te répondre d'une manière anti-intellectualiste ! :-D
Sur qu'elle base sommes-nous entrain de discuter ici ? Aucune puisque on ne compare par des expériences, cela prend l'allure d'une joute verbale creuse et vide car à mon sens uniquement intellectuelle.

Ma réponse restera donc, essayes toi à la pratique et tu auras sans doute par toi-même beaucoup de réponses à tes questions. Après, je serais ravi de continuer à discuter, je suis un grand bavard ! :-D

Quant à ce que peuvent dire la plupart du temps les maîtres (comme dit dans un Kôans si ma mémoire est bonne) cela donne à penser.

Cordialement,